PARCS ET JARDINS EN VALLÉE DE MONTMORENCY



Lorsque l’on visite un parc paysager de la vallée de Montmorency, comme celui du XVIIIe siècle du château de Cadet de Vaux à Franconville, lors de la journée de Parcs en Jardins, début juin 2009, on a peine à imaginer le nombre considérable de parcs et de jardins qui existaient dans notre belle vallée, principalement à partir du XVIIIe siècle, mais aussi au XIXe siècle. Cette période a vu déferler de nombreux bourgeois parisiens venant, par exemple, prendre les eaux aux thermes d’Enghien, ou s’encanailler dans les guinguettes des bords de Seine ou de Sannois, au moulin de La Galette, ou bien faire une promenade à dos d’ânes à Montmorency, et par la suite installer « leur campagne » dans la région : à Montmorency, Deuil, Groslay, Montmagny, Soisy, Saint-Prix, Saint-Leu, Sannois, Taverny, Franconville, Plessis-Bouchard, Ermont, Eaubonne et Saint-Gratien1. Toutes ces villes ont possédé, dans le passé, un ou plusieurs châteaux, mis en valeur par un parc aménagé d’abord à la française, puis à l’anglaise. Mais ceux-ci ont quasiment disparu devant la pression urbaine qui s’est installée ici, dès l’arrivée du chemin de fer en 1846. Chacun a voulu imiter les « grands personnages de ce monde » et posséder sa propre maison avec autour son petit jardin, reflet du grand en miniature.


PANORAMA HISTORIQUE DES JARDINS DEPUIS L’ANTIQUITÉ


Le Proche-Orient.

Le roi d’Assyrie Sennachérib fait creuser de nombreux aqueducs pour alimenter en eau sa capitale, Assur, où il fait planter parcs et jardins. Une tablette du roi babylonien Mardouk-apal-iddin (VIIIe siècle avant notre ère), dit Mérodach-Baladan, énumère les plantes de son jardin.

Les jardins suspendus de Babylone comptent parmi les sept merveilles du monde antique. Tout ce que les fouilles ont permis de retrouver est un monticule creusé de puits, d’où l’eau est montée par des récipients disposés en chaine sans fin.

Les terrasses en étage étaient plantées d’arbres qui devaient surplomber les murs de la ville. A Persépolis, des cavités étaient ménagées dans le sol rocheux de la terrasse pour recevoir la terre où étaient plantés les arbres.


La Grèce et Rome.

La Grèce trace des jardins autour des édifices sacrés et des gymnases. Influences orientales et hellénistiques se fondent dans le koinê hellénistique, à laquelle les Romains empruntent sans distinction. D’une façon générale, parcs et jardins y acquièrent une valeur religieuse : jardins funéraires, bois sacrés en rapport avec les cultes d’Apollon, de Dionysos et de Priape, ainsi que de nombreuses divinités secondaires.

Les exemples hellénistiques introduisent le luxe et l’exotisme dans le jardin romain, simple potager à l’origine. Les premiers jardins, tracés par les généraux qui avaient fait campagne en Orient (Lucullus, vainqueur de Mithridate, crée le premier parc attesté à Rome), apparaissent en Campanie, dont les ports commercent avec Delos et l’Orient.

La maison s’ouvre alors sur un portique faisant transition avec le jardin, ou tente d’en créer l’illusion à l’intérieur par des fresques, comme celles de la maison de Livie en Palatin. On voit s’y mêler les thèmes mythologiques ou idylliques de l’art alexandrin.

Ces fresques, des textes littéraires (descriptions de villas de Pline le jeune), les découvertes archéologiques (Pompéi) nous font connaître l’art des jardins à Rome : on y apprécie l’ombre, les jeux d’eau, l’artifice des grottes en rocaille, des allées bordées d’arbustes savamment taillés, des pavillons isolés. On peut parler ici d’un « baroque flavien ».

Cet illusionnisme remonte à la Domus Aurea de Néron. Mais, à côté du plaisir qu’il donne, le jardin répond aussi au naturalisme mystique, essentiel à l’âme romaine, et satisfait une certaine préciosité littéraire qui place dans le jardin tout un symbolisme des passions humaines.

L’influence de la villa suburbaine, l’apport culturel de l’élément rural émigré à la ville, des affranchis grecs, un souci nouveau de l’hygiène publique, des considérations politiques surtout -désir de donner un cadre à l’otium du citadin, et au peuple-roi une capitale capable de rivaliser avec les grandes métropoles hellénistiques – expliquent la création, à Rome, de parcs publics somptueux.


La Chine.

Le jardin chinois, ou jardin paysager, est une composition symbolique qui s’apparente aux paysages des peintres et doit, comme ces derniers, évoquer le macrocosme. Ses principaux éléments sont la pierre et l’eau. Aux étangs semés d’îlots, aux ruisseaux et aux rochers s’adjoignent des architectures légères en bois : ponts, kiosques, pavillons, que relient parfois des galeries couvertes.

Des sentiers sinueux, souvent dallés de pierre, permettent d’admirer des points de vue variés, ornés d’une végétation choisie pour mettre en valeur les différentes saisons. Des murs de brique, où sont, de place en place, ménagées des ouvertures aux formes irrégulières, ornées de treillis aux dessins divers, entourent ces jardins, dont les dimensions – tout particulièrement pour les parcs impériaux – sont considérables.


Le Japon.

Issu des compositions chinoises, le jardin japonais prend surtout son essor à partir du XIVe siècle, dans les temples de la secte Zen. L’idéal de simplicité de cette secte le rend plus sobre que ses modèles. De dimensions plus restreintes, ils sont moins faits pour les longues promenades que pour la contemplation à partir de divers points choisis, donnant l’illusion d’une grande diversité.

Les plus beaux exemples se trouvent à Kyõto et dans ses environs.

Au XXe siècle, on donne le nom de « jardin japonais » à des jardins en miniature où la céramique et les coquilles participent décorativement, et parmi lesquels il faut citer ceux que Raoul Dufy compose en collaboration avec le potier espagnol Artigas.


Du Moyen Âge à l’époque contemporaine.

L’insécurité des campagnes détermine les seigneurs à établir leurs jardins à l’intérieur de l’enceinte de leurs châteaux. Les jardins des bourgeois se trouvent dans les villes, souvent derrière une enceinte urbaine, et non plus aux alentours.

Celui du roi saint Louis, situé dans la Cité, y existe encore au XVe siècle, époque à laquelle les Parisiens entretiennent des jardins suspendus sur les murs du Petit Châtelet. Le roi René possède à Angers, Saumur, Aix, La Ménitré, La Baumette, des jardins soigneusement entretenus. Celui d’Aix comporte une ménagerie.

De grands progrès sont accomplis sous les règnes de Charles VIII et de Louis XII. Le jardin français, avec ses parterres, ses plates-bandes, ses terrasses, ses balustrades, ses vases en bronze, ses statues en marbre, ses ifs et ses buis taillés, est une invention que l’on attribue à Le Nôtre. Mais il est à remarquer que dès le milieu du XVIe siècle, toutes ces choses existent dans les jardins de Fontainebleau, Blois, Beauregard, Anet, Gaillon, ainsi d’ailleurs que dans ceux de Boboli à Florence, du palais Borghèse, des palais Aldobrandini et de Tivoli.

Le Nôtre joint à ses talents de jardinier un goût de peintre et une science d’architecte. Il crée ou embellit les jardins de Versailles, Clagny, Chantilly, Saint-Cloud, Meudon, des Tuileries, le parterre du Tibre à Fontainebleau, la terrasse de Saint-Germain, etc. Le parc de Versailles servira de modèle aux célèbres jardins de Postdam, Karlsruhe, Wilhemshöhe, Petehof, etc.

Charles Rivière-Dufrény (né à Paris en 1648) est le promoteur, en France, des parcs paysagers pressentis en Angleterre par Bacon, réalisés pour la première fois par Kent en 1710, et auxquels le nom de « jardins anglais » est resté, bien que des tentatives antérieures aient été faites, en France, dans ce genre.

C’est l’époque des allées tortueuses, des parterres chantournés, des magots chinois, des bambochades, des grottes, des ruines, des labyrinthes, des villages en miniature.

Au XIXe siècle apparaissent les attributs égyptiens, puis les kiosques, des pavillons turcs, des tombeaux gothiques, des pavillons chinois et des chaumières, dans un désordre auquel on ajoute encore quelque évocation de temple grec. À la fin du siècle, on revient à plus de simplicité.

Le jardin moderne est régulier, ses divisions nettes, ses lignes bien équilibrées. Les dallages, les statues, les céramiques de revêtement s’enlèvent en tons vifs sur des fonds de verdure et de fleurs2.


Les jardins du XVIe siècle

Nous n’évoquerons, à titre d’intérêt majeur, qu’un seul jardin paysager du XVIe siècle, qui a été rétabli par l’Agence nationale des espaces verts, il y a quelques années autour du « château du bas » ou « vieux château » de Villarceaux, à Chaussy (95), dans le Vexin français. Le jardin Renaissance se compose de terrasses, bassins et broderies de buis. L’intérêt de ce site est double : il a la chance de posséder, sur le même site, le « château du haut », datant du XVIIIe siècle, avec son parc correspondant ordonné à la française3.

De grandes statues provenant de la villa d’Este à Côme et du palais Altieri à Rome, encadrent le vertugadin, glacis de pelouse en amphithéâtre, qui se déroule depuis la façade du château jusqu’à un étang, en contrebas, alimenté par trente-deux sources4.

D’autres châteaux de la Renaissance sont encore présents dans notre département, dans le Vexin français, celui de Vigny et dans le Pays de France celui d’Écouen, nous connaissons parfois leurs jardins par des plans ou cartes anciennes. Mais ces jardins n’ont pas été restitués comme ceux des châteaux de Villarceaux à Chaussy.


Les jardins à l’italienne du XVIIe siècle

Initialement forteresse médiévale du Vexin français, datant du XIe siècle, modifié successivement à la Renaissance, vers 1550, puis au XVIIIe siècle, le château d’Ambleville domine des jardins à l’italienne composés de trois terrasses principales construites aux XVIIe et XVIIIe siècles, que la précédente propriétaire, la marquise de Villefranche, puis sa petite fille Stéphanie, ont restauré à partir de 19285.

Sur la terrasse supérieure, le jardin du soleil est occupé par un grand échiquier dont les pions sont des ifs taillés. Il est orné au printemps de 50 000 narcisses, ceinturé d’un côté par un immense cadran solaire et de l’autre par un boa en buis délimitant le jardin de l’œil (en 2007), au départ, en 1928, inspiré d’une fresque de 1623 de Paul Brill.

La terrasse intermédiaire, avec son jardin de la lune, est typiquement toscane : inspiré de celui de la villa Gamberaïa situé au nord de Florence, dessiné par Léonard de Vinci, le bassin en demi-lune reflète le portique à arcades en ifs taillés. La troisième terrasse est occupée par un verger et une fontaine6.

À Auvers-sur-Oise, c’est en 1635 que le financier italien Zanobi Leoni, arrivé en France dans la suite de Marie de Médicis, acquiert des terres et commence la construction du château et l’aménagement des jardins. Le domaine se présente comme un ensemble homogène organisé autour d’un pavillon à l’italienne et étagé en trois terrasses orientées au sud et descendant vers l’Oise7.

La première terrasse située au pied du château et allongée après 1664 par Jean de Léry du fait de l’agrandissement du château, est ornée d’un parterre de buis.

La deuxième terrasse, où sont recréées les dix pièces de broderies, les deux bassins et la fontaine, est cantonnée à son angle sud-est par un belvédère qui permet d’apprécier la très belle vue sur l’Oise.

La troisième terrasse et son prolongement vers l’Oise semblent avoir été occupés par des vergers en pente douce, peut-être même un potager, disposition analogue à celle de la terrasse de Saint-Germain, de même pour l’escalier à double volée droite inversée qui descend vers cette troisième terrasse et sous lequel se trouve une succession de cinq salles voûtées, dénommées l’orangerie sud8.


LES JARDINS VAL D’OISIENS ET VALMORENCÉENS DU XVIIIe SIÈCLE


Les jardins du comte d’Albon à Franconville-la-Garenne

À la fin du XVIIIe siècle, la vallée de Montmorency passe pour un séjour agréable, tant à cause de sa proximité de Paris qu’à raison de la fertilité de son sol, de la pureté de l’air qu’on y respire et des sites ravissants qu’elle offre aux yeux enchantés des promeneurs. Ceux qui ne sont point attirés par le tumulte des villes, ceux qui préfèrent le calme des champs aux intrigues des cours aiment à venir s’y reposer, à en faire leur demeure ordinaire, occupant leurs loisirs à y construire des jardins dont quelques-uns sont remarquables. On cite volontiers ceux de la comtesse d’Houdetot à Sannois, de la maréchale de Luxembourg à Montmorency, du financier Lenormand de Mézières à Eaubonne et bien d’autres, tant à Saint-Leu qu’à Margency, tous généralement admirés pour leur bon goût et leur beauté.

Il est un endroit qui l’emporte sur tous les autres et que l’on considère comme le lieu le plus agréable de toute la vallée, c’est le bourg de Franconville-la-Garenne9. Il est renommé pour la douceur de son climat et pour l’excellence des fruits – surtout des cerises – dont il abonde. C’est ce que chante le comte de Tressan10 dans une de ses dernières poésies, Les charmes de Franconville :

Vallon délicieux, ô mon cher Franconville,

Ta culture, tes fruits, ton air pur, ta fraîcheur

Raniment ma vieillesse et console mon cœur

Que rien ne trouble plus la paix de cet asile

Où je trouve enfin le bonheur11


Situé sur la pente d’une colline et sur la route même de Paris à Rouen, il est facile d’accès. Aussi, de nombreuses maisons de campagne y ont été construites, agrémentées de jolis jardins, parmi lesquels celui de M. de la Crosnière12, à l’entrée du village, quoiqu’un peu démodé, ayant été construit par Le Nôtre, est encore fort beau et rivalise, pour les fleurs, avec celui de M. de Tressan.

C’est dans ce site plein de charmes que le comte Claude-François-Camille d’Albon, dernier prince d’Yvetot, vient s’installer en 1781 et commence la construction de jardins qui vont, dans son esprit, éclipser tous les autres par leur pittoresque et leur curiosité13.

Sa propriété de Franconville est celle de Cassini acquise en 1781. Elle s’étend alors de l’actuelle rue du Général Leclerc jusqu’à la butte de Cormeilles. Dans le parc est incluse la source des Rinvals, qui lui sert pour alimenter une vaste pièce d’eau.

Il agrandit son domaine par l’échange de terres avoisinantes et veut que ses jardins éclipsent ceux connus d’Ermenonville, de Mortefontaine, de Monceau … Toute l’originalité du comte y est représentée, ses idées, ses opinions, son caractère, ses fantasmes.

Il érige une colonne au marquis de Mirabeau. Epris de liberté, il dresse un arbre à la mémoire de Guillaume Tell. Pratiquant la tolérance, il élève un tombeau à Court de Gébelin, écrivain protestant. Adepte de Jean-Jacques Rousseau et aussi de la nature, il crée un village suisse, un chalet des chèvres, un asile des bergers, une cabane de pêcheurs. Homme de lettres, il a sa bibliothèque ; poète, un temple des muses ; fabuliste, la cascade d’Esope.

Chaque monument possède une inscription ou une devise. On peut également admirer une profusion de bustes de poètes grecs ou latins, de sages de l’Antiquité ou de savants. Comme il s’occupe aussi d’agriculture et de botanique, il élève un monument à la mémoire de Haller, une colonne à Boërhave.

Enfin, se disant homme de science, il a son cabinet d’histoire naturelle, un cabinet de physique, un laboratoire de chimie, un observatoire et des instruments d’astronomie. Mais tous ces aménagements ont entraîné des dépenses inconsidérées, de sorte que le 8 mai 1787, par décision de justice, il est pourvu d’un « conseil judiciaire ». Ses soucis financiers, et ses fantaisies ont probablement ébranlé sa raison. Il meurt le 5 octobre 1789, fou dit-on, à Lyon. Sa propriété de Franconville est vendue par adjudication le 12 juillet 1788 au marquis de Myons. Toutes ses richesses sont vendues aux enchères et dilapidées14.


Les jardins du château de Cadet de Vaux à Franconville

Le château de Cadet de Vaux (1743-1828), chimiste et passionné d’agriculture, à Franconville-la-Garenne, typique du XVIIIe siècle, est situé rue d’Ermont, et comprend un parc à la française, restitué il y a quelques années. Il a été construit par la famille Becquet sur un vaste terrain acquis auprès des héritiers de la veuve de l’avocat au Parlement, Couet de Montbayeux. Les propriétaires, d’origine anglaise, jouissent en France d’un rang social élevé. Ils séjournent peu de temps au domaine, louant celui-ci dès 1776 au comte de Tressan. Achetée par Cadet de Vaux le 22 août 1788, la propriété change ensuite plusieurs fois de mains et est acquise notamment par les Mazimbert, puis les Colonna.

Le jardin à la française, est soumis aux lois de la symétrie, par sa propre définition, formant ici un espace quadrangulaire de 21,80 m par 21,40 m, presque carré, avec des allées orthogonales. De style classique, il est composé de quatre parterres découpés de broderies, plantées de buis. Au centre, les trois vasques superposées en grès de la fontaine sont supportées par un pilier central orné de trois poissons arc-boutés aux larges opercules, que l’on peut comparer à ceux de Versailles15.

Il reste à signaler également deux arbres remarquables conservés dans le parc Cadet de Vaux, un séquoia géant de 35 m de hauteur et un if à baies ou if tortueux, classés tous les deux16.


Le parc de la seigneurie de Rubelles à Saint-Prix

À la fin de l’Ancien Régime, le seigneur de Saint-Prix est M. Le Bas Duplessis, colonel d’infanterie, capitaine au régiment des Gardes françaises : c’est ce que l’on peut lire sur le plan Loiret levé en 1783, intitulé « Plan du château, parc et jardins de la seigneurie de Saint-Prix appartenant à … », dont une copie est présentée au musée archéologique et historique municipal de Saint-Prix17.

En 1791, le châtelain de Saint-Prix possède sur la paroisse 210 arpents 41 perches (70 ha environ), se décomposant en 97 arpents 10 perches de terres labourables et de vignes, 49 arpents 81 perches de bois, et trois clos d’ensemble 63 arpents et demi.

Laissons Auguste Rey nous décrire le domaine et le château dans son état de 1783, tel que représenté par le plan Loiret :

« L’entrée principale est à droite de la montée au village, en face d’une demi-lune et d’une longue allée qui ouvre, de l’autre côté de la rue, dans le Clos Rossignol, une profonde perspective d’ombrages. Le château est une large maison, ornée d’un fronton et couverte d’ardoises, avec deux ailes en saillie sur la cour d’honneur. À droite est le potager ; à gauche, des communs importants divisés par trois cours, et comprenant successivement : le premier bâtiment, remises, cuisine et chambres de domestiques ; le second, écurie, étable, bûcher et laiterie ; le troisième, logement de jardinier avec façade sur la rue. Le jardin, entouré de ses dépendances, a une entrée par la cour dite « des remises » : vaste enclos, égal en surface à celui de l’ancien seigneur de la Grange-Rubelles18, il s’étale sur les pentes que couvrent aujourd’hui les magnifiques pelouses de M. Double (en 1881)19. Il occuperait tout le quadrilatère compris entre le village et les trois chemins de Reinebourg, du Gué et de Rubelles, s’il n’avait trouvé pour limite, à l’angle nord-est, les murs de ce petit jardin des Vendôme, par lequel il sera absorbé un jour. Il offre, en ses diverses régions, toutes les variétés de l’agrément et de l’utile, depuis le parterre fleuri et les bosquets qui décorent le devant du château, jusqu’aux prairies, aux champs, aux vergers dont les cinq-cents pommiers rejoignent à mi-côte les maisons de Saint-Prix. Le parterre, de la vieille école française, est distribué en allées symétriques, quelques-unes bordées de palissades d’ormilles à hauteur d’appui, d’où émerge par intervalles la tête d’un orme taillé en boule. Dans l’allée plus large qui suit l’axe des bâtiments, un jet d’eau, alimenté par la fontaine publique, retombe dans un bassin communiquant avec le réservoir du potager. Des vases, des corbeilles à fleurs en terre cuite, des bancs et des statues de pierre de grandeur naturelle complètent la décoration. Au-delà, on rencontre une grande pièce d’eau qui n’a point été détruite, et dont la décharge va, suivant une disposition qui subsiste aujourd’hui, à l’abreuvoir communal20. Plus loin, les allées entrecroisées d’un jardin anglais cheminent dans des bosquets plantés de tilleuls et de peupliers, et, tout au bout, sous une futaie qui fait, paraît-il, ombrage du côté de Reinebourg et donne un refuge trop facile aux oiseaux pilleurs de grain. Cette description fait songer à celle que trace La Bruyère du parc de notre suzerain à Chantilly21. Les eaux avaient fourni à Rubelles un autre motif, dans la partie haute de l’enclos : avant de tomber dans le bassin du parterre, elles franchissaient une cascade à étages réguliers ornés de vasques et de statues, et dont la disposition toute architecturale était couronnée par un pavillon à colonnes, une sorte de temple encore debout à l’heure présente »22.


Lors de la préparation du dossier de sauvegarde de la glacière conservée dans le parc de Rubelles (rue de la Marne), en 1995, l’étude de l’hydraulique de l’ensemble du domaine a été réalisée, comprenant celle du plan d’Intendance (1785) et du plan Loiret (1783). Elle nous a permis de connaître les dimensions importantes de la grande pièce d’eau de ce parc qui mesurait 90 m de longueur et 20 m de largeur. C’est elle qui, en hiver, fournissait la glace que l’on stockait dans cette glacière. Cet édifice a été réalisé en 1854 par Louis-Sulpice Varé pour le compte du baron Léopold Double, propriétaire du château des Vendôme.

Le petit temple d’Amour et la fontaine existent toujours (allées des Marronniers et des Érables) : ils ont été restaurés il y a quelques années, lors de la construction d’un lotissement. Le petit temple à fronton triangulaire repose sur quatre colonnes à chapiteaux, avec sa vasque oblongue enserrée dans un escalier en fer à cheval23.


Le parc du château de Cernay à Ermont

Un plan de 174024 nous livre, pour cette époque, la physionomie du château et du parc qui l’entoure. L’ensemble, tout clos de murs, présente un aspect trapézoïdal, dont la base est dirigée vers le nord et dont l’un des côtés, celui de l’ouest, forme une légère avancée en forme de demi-lune (actuelle rue de la Demi-lune). C’est l’entée de l’avant-cour du château, au-devant de laquelle s’aligne une longue allée plantée d’arbres.

Le pavillon central du château, de forme rectangulaire, présente une façade principale orientée à l’est sur le parc. En face et au milieu, une allée bordée d’arbres assure la séparation du potager et du jardin d’agrément.

Deux ailes, l’une au sud, l’autre au nord de ce corps de logis, - celle-ci un peu oblique par rapport à l’autre - enserrent une cour intérieure se prolongeant jusqu’à l’entrée de la demi-lune. La forme un peu disparate de ces deux ailes nous fait croire qu’elles étaient composées d’une partie des anciens bâtiments, qui avaient été conservés, où se trouvaient les communs, les écuries, les remises.

Le parc du château de Cernay à Ermont comprenait deux parties, un jardin d’agrément, et un jardin potager. Le jardin d’agrément, tracé à la française, occupait toute la partie sud du château. Sa ressemblance avec celui de la Commanderie nous fait supposer qu’il a pu être tracé par le même paysagiste. Le jardin potager, séparé du jardin d’agrément par l’allée plantée d’arbres, occupait toute la partie nord du château25.


Les jardins potagers à la française

Un potager est aménagé au XVIIIe siècle, à l’initiative du duc Alexandre de La Rochefoucauld (1690-1762), et se déploie en bordure de Seine dans l’axe principal du château de La Roche-Guyon. Après la restauration menée en 2004 par Pierre André Lablaude, architecte en chef des monuments historiques, sous couvert de l’Agence des espaces verts de la Région Ile-de-France, ce potager est ouvert à la visite depuis cette date.

Dans le grand jardin, au centre de chacun des quatre carrés qui le composent, se trouve un bassin d’eau, installation fonctionnelle autant que décorative. Vaste jardin de huit arpents (environ quatre hectares), le potager est bordé de hauts murs couverts d’espaliers au nord et à l’est. Il est formé de quatre grands carrés délimités par une allée nord-sud et une seconde allée, orientée est-ouest. Chaque carré est divisé par deux axes également perpendiculaires que coupent deux diagonales, dessinant ainsi trente-deux parcelles triangulaires.

Cette symétrie presque parfaite tient cependant compte, à l’est comme à l’ouest, d’une bordure à vocation plus ornementale que fruits et légumes abandonnent aux fleurs et aux arbustes décoratifs.

Le Plan du jardin potager avec larangement des arbres par quarré les non des espèces en 1741, ensemble de dessins aquarellés précédé d’une « veüe du chasteau de La Rocheguyon du costé de la rivière », dresse l’inventaire des espèces et variétés fruitières cultivées, et indique avec une grande précision l’emplacement de chaque arbre et le développement des espaliers.

En 1741, le potager – ou serait-il plus juste d’écrire le verger - du château de La Roche-Guyon possédait 675 arbres, dont 442 poiriers, 143 pommiers, 74 pêchers et 16 pruniers26.

À Eaubonne, le potager du château de La Chesnaie a également été restitué par la municipalité, dans la perspective du château du XVIIIe siècle, entouré d’un parc d’un hectare et demi.


Le pavillon chinois du parc de Cassan

Il existe, à l’Isle-Adam, un merveilleux et unique témoignage de l’art des jardins anglo-chinois du XVIIIe siècle : le pavillon chinois du parc de Cassan27, qui faisait partie d’un vaste domaine créé par le financier Pierre-Jacques Bergeret (1715-1785). En 1773, il part pour l’Italie en compagnie de son fils Pierre-Jacques et du peintre Fragonard.

En 1778, Bergeret fils achète le domaine de Châteaupré qui prend le nom de Cassan après les travaux d’embellissement du parc qui seront arrêtés par la Révolution. Un plan, daté de 1790, indique que le pavillon chinois est construit à cette date. Certains aménagements sont toutefois exécutés, comme le vaste plan d’eau au tracé sinueux, le rond-point d’Apollon avec ses allées en étoile, le belvédère situé sur l’axe du château28.

Le pavillon chinois, dont une des fonctions est la régulation du niveau de l’étang, semble avoir été la première construction entreprise. La vue en plan qui figure sur le dessin est conforme au bâtiment, tel qu’il existe aujourd’hui.

Il repose sur un imposant socle de pierre octogonal qui renferme une salle fraîche dont les voûtes reposent sur des colonnes doriques sans base. L’eau de l’étang s’écoule par trois déversoirs, passe sous le dallage, alimente un bassin rond situé en contrebas et ressort dans un deuxième, à l’extérieur, pour être enfin canalisée vers l’Oise.

Le pavillon, auquel on accède par deux escaliers, est en bois et également de forme octogonale. Un premier auvent aux angles retroussés est porté par huit colonnes, la salle est couverte d’une coupole éclairée par un lanternon surmonté d’une calotte hémisphérique. Le décor de l’ensemble est extrêmement raffiné : guirlandes de perles, ouvertures ornées de claustras en forme de grecque, dessins géométriques de cercles et de losanges pour les porte-fenêtres, mât orné d’une sphère, de cercles décroissants en diamètre portant plusieurs étages de clochettes de bronze, cloches de bois29


LES JARDINS DU XIXe SIÈCLE


Le parc des châteaux de Saint-Leu sous l’Empire

En 1645, Charles Leclerc de Lesseville30 reconstruit le « château d’en haut », à l’emplacement du château seigneurial des Montmorency, au fief de Leumont (où précisément Anne de Montmorency reçut le roi François Ier et le Dauphin, en particulier le 11 novembre 1540, lors de la maladie du Dauphin) et, en 1693, Jean Lorieul, sieur de la Noue édifie le « château d’en bas » sur le fief d’Ort.

Le 2 juin 1804, Louis Bonaparte, frère de Napoléon Ier (1779-1846), futur roi de Hollande de 1806 à 1810, acquiert les deux châteaux de Saint-Leu et de Saint-Prix, grâce à un don de 600 000 francs consenti par l’empereur. Il fait démolir celui « d’en haut », et s’installe avec son épouse, la reine Hortense née de Beauharnais (1783-1837, dans le domaine « d’en bas ». Leur fils cadet, le futur prince-président, puis empereur Napoléon III, s’intéressera vivement à Saint-Leu, et aidera la ville, en particulier, lors de la construction de la nouvelle église Saint-Leu et Saint-Gilles, en 185131.

Sur le plan, l’ensemble du domaine affecte approximativement la forme d’un quadrilatère d’environ quatre-vingts hectares, orienté est-ouest. Situé entre la vallée et la forêt de Montmorency, le terrain est assez fortement pentu, depuis une sinueuse ligne de crête au nord, que couronnent les frondaisons de la forêt, jusqu’à la route de Saint-Prix, en contrebas, qui limite en ligne droite la propriété au sud.

Louis-Martin Berthault, architecte paysagiste a pour tâche principale de donner une unité paysagère à ces éléments sans doute disparates. Depuis le château de Saint-Leu, situé à l’angle sud-ouest, et qu’il isole habilement du village, il ouvre vers l’est une grande perspective qu’il accélère quelque peu à son extrémité grâce à deux masses boisées qui se pressent de part et d’autre de la trouée vers Saint-Prix.

Perpendiculairement à cet axe, qui privilégie le point de vue du château, il dispose à flanc de coteau une série de plantations qui, en enchaînant subtilement les plans, structure la perspective. Pour compléter le décor hydraulique qu’a conçu, au XVIIIe siècle, le marquis de Laborde pour l’agrément du « château d’en bas », Berthault réalise un ambitieux projet à l’échelle de ce nouvel et vaste ensemble :

- à mi-pente, et parallèlement au grand axe, création d’un plan d’eau circulaire, que prolonge sur environ 400 mètres une rivière qui s’élargit à l’autre extrémité autour d’une île,

- en contrebas, un second plan d’eau, alimenté par le premier, et situé à proximité de la porte de Saint-Prix. Quelques ponts « rustiques », abris à bateaux, et fabriques viennent compléter cette « campagne » que la reine Hortense juge être « l’un des plus jolis lieux de France »32.

La reine Hortense, qui deviendra duchesse de Saint-Leu en 1814, reste propriétaire du domaine après sa séparation d’avec Louis Bonaparte. La chute de l’Empire, en 1815, l’oblige à partir en exil au château d’Arenenberg, sur les bords du lac de Constance, où elle décède en 1837.

Le duc de Bourbon, prince de Condé, habite Saint-Leu après le départ d’Hortense. Il y demeure jusqu’à sa fin tragique en 1830. Le domaine revient, par testament, à la baronne de Feuchères, et passe aux mains de M. Fontanille, qui le revend au détail. M. Vidal, qui s’est porté acquéreur du château et des alentours fait percer, dans le parc, deux allées rectilignes, les actuels chemins d’Apollon et de Madame. La rue des Vandales (actuelle rue du Château) est tracée perpendiculairement.

Puis l’ensemble est loti et dispersé entre une trentaine d’acquéreurs. Le château est détruit en 1837. Quant aux beaux arbres qui faisaient l’ornement de ce domaine, ils ont déjà été vendus, semble-t-il, par la baronne de Feuchères33… qui tente de vendre, pour aménager des lotissements, et surtout faire rentrer beaucoup d’argent, toute la partie nord-ouest de la forêt de Montmorency au-dessus de Saint-Leu et de Taverny, mais aussi le domaine du château de la Chasse, qui fait partie du vaste domaine de Saint-Leu-Taverny acquis en 1804 par Louis Bonaparte.

Les Archives départementales des Yvelines conservent un document exceptionnel pour l’histoire des jardins dans le département et de la botanique : il s’agit de « l’état des arbres et arbustes qui sont dans la pépinière de Clairefontaine, ci-devant Saint-Leu », daté de 179434. À cette date, le domaine appartient depuis deux ans à Martial de Giac, surintendant de la reine Marie-Antoinette, jusqu’en 178035.

La pépinière comprend au total 19 733 plantes d’espèces indigènes et étrangères, dont près de la moitié concerne des pins d’Écosse (10 000 unités).

La plus grande partie des espèces importées provient d’Amérique du Nord, tandis que quelques autres seulement proviennent du Levant (cèdre du Liban, céphalante, lilas « de Perse »).

Grâce au « Rapport et projet de décret à la Convention relatifs à l’établissement de jardins des plantes dans les départements » de Boisset, on connaît les espèces indigènes et celles acclimatées -ou en cours d’acclimatation - qui étaient alors employées et à la mode dans les jardins. Certains arbres se sont adaptés à nos climats depuis longtemps : c’est le cas du marronnier, présent dans nos parcs depuis le XVIIe siècle.

D’autres sont « acclimatés au deuxième degré » et « produisent des graines en France, mais leurs semences ont besoin d’être cultivées pour lever » : érable de Tartarie, Pavia (variété de marronniers), Amorpha (indigo bâtard), angélique épineuse, févier d’Amérique, tulipier, diverses variétés d’épines, pins baumiers de Géléade… d’autres, enfin, « acclimatés au premier degré » n’ont pas encore fructifié en France, comme le saule parasol36.


Il reste à signaler également six arbres remarquables conservés dans le parc du château de la Tuyolle à Taverny37, construit au début du XIXe siècle, et devenu l’hôpital du Parc depuis 1992 : un cèdre du Liban de 20 m de hauteur, ayant résisté à toutes les tempêtes ; un platane hybride, grandiose, de 30 m ; un hêtre pourpre, musculeux, de 27 m ; un pin laricio, coudé, de 29 m ; un cèdre pleureur de 19 m ; un séquoia toujours vert, bifide, de 40 m de hauteur38.


Parcs et jardins publics en milieu urbain


Les jardins d’Enghien

Les jardins d’Enghien, ouverts au public, poursuivent, au cours du XIXe siècle, l’histoire des Tivoli et autres « jardins d’été » parisiens à la vogue fluctuante. C’est l’installation de l’établissement thermal qui, à partir de 1820, fait du bord de l’étang de Saint-Gratien (tout au long du XIXe siècle, le lac d’Enghien est appelé étang de Saint-Gratien) un lieu de promenades et de fêtes, fréquenté par les proches de la cour en particulier. Une gravure de 1848 montre le parc d’Enghien, ou parc Winsdor, installé au sud du premier établissement thermal.

« On y voit une foule d’élégantes et de dandies rassemblés autour d’un kiosque à musique… à l’arrière, une salle de bal où le célèbre violoniste Th. Haumann donnait des soirées dansantes deux fois par semaine… café, tir au pistolet. »39

La Restauration introduit une nouvelle mentalité qui s’épanouit en une société « bourgeoise » dont la morale réprouve un bal masqué organisé dans le parc, qui est fermé en 1852, et subit ainsi le même sort que le Vauxhall londonien, modèle des jardins de plaisirs populaires, à la vocation galante incontestable.

Avant même cet évènement, le relais est assuré par le jardin de l’embarcadère, nommé ensuite jardin des Roses, dépendant du luxueux hôtel des Quatre-Pavillons. Il offre des activités correspondant davantage aux valeurs admissibles : billard, toupie, quilles, musique sous le kiosque-chalet.

C’est un jardin ouvert au public mais de statut privé, puisque créé pour l’agrément des familles de « baigneurs », clientes de l’hôtel. Un droit d’entrée est perçu auprès des non-curistes qui, vers 1879, ne peuvent accéder qu’à une partie du jardin.

En 1900, l’entrée est libre à la belle saison et le nombre des concessions commerçantes en fait un lieu de rapport. Même alors, il faut toujours verser son écot pour atteindre le jardin des Roses proprement dit. Cette partie réservée est un exemple valdoisien de la fonction didactique et botanique du parc public du XIXe siècle, car on y trouve alors réunies de nombreuses variétés de roses.

Au cours de cette période, la commune nouvellement créée (1850) tire donc parti de son paysage naturel et de ses jardins pour s’assurer une notoriété « de bon ton » : la ville aménage le paysage et fonctionne avec lui dans une relation de faire-valoir mutuel40.


Les jardins de Montmorency

Deux projets d’aménagement d’un jardin public associé à la construction d’une école sont connus. Celui de Huet propose de tirer parti d’un jardin d’agrément préexistant, au dessin très élaboré. La municipalité lui préfère le projet d’A. Ponsin, qui préconise l’aménagement de type « square urbain ». La réalisation est réduite à une place publique et à une rangée d’arbres le long de l’école. C’est seulement en 1905 que la municipalité de Montmorency achète, au centre ville, la propriété Rey de Foresta, qui a gardé le nom de l’un de ses derniers occupants, ancien maire. Il s’agit d’y établir l’Hôtel-de-Ville. Le motif qui semble emporter la décision est explicité dans une délibération du conseil municipal : « Le vaste parc constituera un jardin public des plus magnifiques, ce dont montmorency est privé actuellement ».

Le dessin du parc paysager acquis ne nécessite que des modifications minimes pour passer de l’usage privé à la fréquentation publique. Il correspond strictement au goût de l’époque, même le kiosque indispensable existe au moment de l’acquisition.

Le parc de l’Hôtel de Ville de Montmorency est classé au titre des sites depuis 1943, comme type même de jardin public paysager du XIXe siècle. La fonction sociale de ces lieux correspond aux habitudes du XIXe siècle : on y vient pour les loisirs communautaires (concert et bal de plein air) et pour la promenade familiale.

On peut comprendre que cette fonction soit dominante dans ces petites cités où beaucoup d’habitants ont un jardin et où la proximité immédiate de la campagne assure la salubrité physique, justification première des jardins urbains des capitales.

Certains événements locaux ont une influence directe sur la création d’espaces plantés urbains en dehors de l’agglomération parisienne. C’est l’arrivée du chemin de fer, à proximité, qui, à Montmorency, provoque la création d’un type de jardins à usage collectif qui reprend également les habitudes antérieures du loisir de plein air.

Quantité de cartes postales anciennes nous évoquent les dimanches des Parisiens à la Châtaigneraie ou à l’Orangerie41.

Comme le cas s’est présenté pour les guinguettes installées immédiatement au-delà des remparts parisiens, puis à la fin du XVIIIe siècle sous les quinconces des futurs Champs-Elysées, les établissements précaires bénéficiant du meilleur emplacement (ou des initiatives de l’exploitant le plus dynamique) prennent de l’importance.

À Montmorency, ils tirent parti de quelques arbres anciens aux dimensions spectaculaires, ou d’une excavation naturelle, pour offrir une ambiance similaire à celle créée artificiellement aux Buttes-Chaumont (1864-1867)42.

Il reste à signaler également deux arbres remarquables conservés dans le parc de l’Hôtel de Ville : l’un, un cèdre qui, malheureusement, a dû être abattu suite à la tempête de 1999, l’autre est un platane hybride de 33 m de hauteur et de 5,10 m de circonférence43.



Gérard Ducoeur,

juin 2009.



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la Vallée de Montmorency) : www.valmorency.fr

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1 Cf. nos articles : « Histoire générale de : Montmorency – Deuil – Groslay – Montmagny – Soisy - Saint-Prix - Saint-Leu – Sannois – Taverny – Franconville - Plessis-Bouchard – Ermont - Eaubonne et Saint-Gratien ».

2 Collectif, Grand Larousse encyclopédique, édition Prestige, t. 11, Larousse, Paris, 1970.

3 Laubadère (S. de), Villarceaux à Chaussy, in Joudiou (G.), Wittmer (P.) et al., Cent jardins à Paris et en Île-de-France, AAVP, 1992, p. 278.

4 Couffy (A.), Le manoir de Ninon à Villarceaux, in Collectif, Jardins en Val d’Oise, CGVO, 1993, p. 90.

5 Laubadère (S. de), Ambleville, in Joudiou (G.), Wittmer (P.) et al., Cent jardins à Paris et en Ile-de-France, AAVP, 1992, p. 285.

6 Sirat (J.), Ambleville, canton de Magny-en-Vexin, in Collectif, Nouveau guide du Vexin français, AVF, Valhermeil, 2002, p. 165-166.

7 Joudiou (G.), Parc du château de Léry, in Joudiou (G.), Wittmer (P.) et al., Cent jardins à Paris et en Ile-de-France, AAVP, 1992, p. 279.

8 Couffy (A.), Auvers-sur-Oise, in Collectif, Jardins en Val d’Oise, CGVO, 1993, p. 93.

9 Mataigne (H.), Histoire de la paroisse et commune de Franconville-la-Garenne depuis le IXe siècle, Pontoise, L. Paris, 1927, in- 8°, 403 p. Cité par Vaquier (A.), Les jardins du comte d’Albon à Franconville-la-Garenne, in Mémoires Paris et Ile-de-France, FSHAP IDF, t. 8, 1957, p. 237.

10 Louis-Elisabeth de Lavergne, comte de Tressan (1705-1783), traducteur de l’Arioste, entré à l’Académie française en 1781. Il s’était retiré à Franconville en 1766.

11 Tressan (marquis de), Souvenirs du comte de Tressan, Versailles, H. Lebon, 1897, in-8°, p. 231.

12 Michel Velut de la Crosnière, conseiller à la Cour des Aides de Paris, où il demeurait rue Portefoin, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs.

13 Vaquier (A.), Les jardins du comte d’Albon à Franconville-la-Garenne, in Mémoires Paris et Ile-de-France, FSHAP IDF, t. 8, 1957, p. 237-238.

14 Bertin (H.), (sous la dir.), En passant par … Franconville-la-Garenne, Maury, 1986, p. 117-121.

15 Bertin (H.), Franconville-la-Garenne, in Le Patrimoine des communes du Val d’Oise, Flohic, 1999, p. 280-281.

16 Collectif, Les arbres remarquables du Val d’Oise, Ed. Dakota, CGVO, 2005, p. 138-141.

17 Le musée archéologique et historique municipal est situé à côté de la Mairie, 45 rue d’Ermont 95390 Saint-Prix.

18 30 arpents 25 perches (10 ha environ) en y comprenant la superficie des bâtiments et des cours (1 arpent 87 perches).

19 Cf. notre article : « Louis-Sulpice Varé : un enfant du pays » in « Les pépiniéristes en vallée de Montmorency ». Il crée ce parc à l’anglaise, de l’ancien château des Vendôme, à Saint-Prix, en 1854.

20 Rey (A.), La fin de l’Ancien Régime à Saint-Prix-I-La seigneurie, Notes sur mon village, Paris, 1881, p. 30-32.

21 La Bruyère (J. de), Œuvres, t. II, p. 257, cité par Rey (A.), op. cit. p. 32.

22 Rey (A.), op. cit. p. 28-32.

23 Ducoeur (D. et G.), Saint-Prix, in Le Patrimoine des communes du Val d’Oise, Flohic, 1999, p. 771-783.

24 Arch. nat., F 14, 8848. Plan des routes de France, généralité de Paris. Plan du château et de la Commanderie de Cernay.

25 Vaquier (A.), La seigneurie de Cernay, in Ermont des origines à la Révolution française, SHAPV, 1965, p. 124-125.

26 Quenneville (A.), Delahaye (T.), Le potager du château de La Roche-Guyon, in Vivre en Val d’Oise, n° 19, avril-mai 1993, p. 26-31.

27 Césari (D.), Les jardins des Lumières en Ile-de-France, Parigramme, Paris, 2005, p. 94-96.

28 Joudiou (G.), Domaine de Cassan à l’Isle-Adam, in Joudiou (G.), Wittmer (P.) et al., Cent jardins à Paris et en Ile-de-France, AAVP, 1992, p. 283.

29 Couffy (A.), Le pavillon chinois du parc de Cassan, in Collectif, Jardins en Val d’Oise, CGVO, 1993, p. 157-159.

30 Son fils, Nicolas, deuxième du nom, seigneur de Rubelles, sera bienfaiteur de l’église de Saint-Prix, en 1695.

31 Ducoeur (D. et G.), Saint-Leu-la-Forêt, in Le Patrimoine des communes du Val d’Oise, Flohic, 1999, p. 759-770.

32 Devauges (J.-D.), Le parc de Saint-Leu. Berthault en Val d’Oise, in Collectif, Jardins en Val d’Oise, CGVO, 1993, p. 171.

33 Lempereur (L.), Roche-Bernard (G.), Du pittoresque au romantisme : le parc de Saint-Leu, in Collectif, Jardins en Val d’Oise, CGVO, 1993, p. 165-170.

34 Arch. dép. Yvelines, IVQ118.

35 Rey (A.), Martial de Giac au château de Saint-Leu, 1792-1794, in Mémoires SHAPV, t. 25, 1903, 19 p., p. 10.

36 Roche-Bernard (G.), Un document exceptionnel : l’inventaire des arbres et arbustes de la pépinière de Saint-Leu en 1794, in Collectif, Jardins en Val d’Oise, CGVO, 1993, p. 165-170.

37 Jablonski (C.), Taverny. Histoire d’un terroir, Édition ville de Taverny, 1991, p. 105-106.

38 Collectif, Les arbres remarquables du Val d’Oise, Ed. Dakota, CGVO, 2005, p. 54-61.

39 Neu (J.-P.), La fin de siècle, in Enghien-les-Bains. Nouvelle histoire, Valhermeil, 1994, p. 81-88.

Neu (J.-P.), Bousquet (J.-P.), Enghien-les-Bains, Coll. « Nos villes en 1900 », vol.I, Ed. Cofimag, 1983, p. 9-40.

40 Collectif, Jardins en Val d’Oise, CGVO, 1993, p. 225.

41 Neu (J.-P.), Magarian (A.), Montmorency, Coll. « Nos villes en 1900 », II, Éd. Cofimag, 1984, p. 90-98.

Dulaure (J.-A.), Joanne (A.), Ratisbonne (L.), Labédollière (E. de), Enghien, Montmorency, Saint-Gratien, Eaubonne, Deuil, Soisy, Groslay, Éd. du Bastion, 1838, 1856, 1867, 1861, ré-éd. 1992, 200 p.

42 Collectif, Jardins en Val d’Oise, CGVO, 1993, p. 226.

43 Collectif, Les arbres remarquables du Val d’Oise, Éd. Dakota, CGVO, 2005, p. 150-151.