< Retour à la première partie de l'article


La vie religieuse

Le protestantisme prend pied à Montmagny puisqu’en 1631, Christophe Roussel, à l’article de la mort, abjure la « Religion ». Est-ce pour des raisons religieuses que les Bodo, Delacroix, Nicolle, Présidal, Rigault, Troussard, disparaissent des registres ?

Au protestantisme semble succéder le jansénisme. Comment interpréter autrement le fait que le curé Jouenne consulte le nécrologe manuscrit de Port-Royal1 et le recopie pour nous dire d’une manière indirecte qui est celui qu’il a enterré au pied de la croix au cimetière en 1692, sous le nom de François Le Maire, et qu’il doit personnellement connaître : à savoir François Laleu, docteur et professeur royal à l’université de Douai, dont il a été exilé à la suite de la fameuse fourberie de Douai, et astreint à résidence dans un monastère. En s’y rendant, il tombe malade à Montmagny et meurt trois mois plus tard à 38 ans.

Quelles sont les convictions d’Adrien Huault pour être enterré en catimini ? Lorsqu’il meurt à 80 ans, le 4 juin 1699, malgré les titres de ce dernier, seul le curé officie devant deux témoins : Arnauld, descendant du Grand Arnauld de Port-Royal2 et le frère de son ancien adversaire, le philosophe Malebranche. Adrien a-t-il été janséniste comme beaucoup de parlementaires ?

Comment faut-il interpréter ces détails consignés en 1719 par le vicaire Saffray :


« … est mort en véritable chrétien »… « a satisfait à son devoir Pascal »… « s’est présenté au tribunal de pénitence »…


Est-ce une forme primitive des billets de confession ? La preuve d’un certain éloignement de la pratique religieuse ? Zèle du remplaçant du vieux curé Jouenne, qui vient de mourir ? Avec le nouveau titulaire, ces indications cessent. Mais Le Soudier, dont un parent est curé de Chaillot, semble avoir été peu exact dans son ministère. Les habitants se plaignent. L’archidiacre enquête, voici ses conclusions :


« Le curé devra chanter à haute voix selon l’usage s’il y a quatre chantres pour l’aider, faire les processions habituelles, seules les Rogations et la saint Marc dépendront du temps. Il devra indiquer au prône les messes qu’il doit dire, remettre en état le martyrologe et le replacer en son lieu habituel. Il fournira copie des fondations des anciens seigneurs, donnera un état des messes et services ordinaires, copie d’une épitaphe pour la fondation de deux services, scellée près de l’église. Il devra fournir le dernier compte, arrêté, de la fabrique et, sur une forme qu’on lui remet, le projet pour 1729 ».


L’archidiacre et son assesseur ordonnent à tous de vivre en paix et de ne faire aucun reproche. Il leur faut les documents avant la saint Martin pour qu’ils prennent une décision. Laquelle ? Nous l’ignorons.

Cependant, dix ans plus tard, le curé Le Soudier se montre très pointilleux. Le 10 avril 1738, il refuse la sépulture (tout court) à Claude Laurent, parce que jamais il ne l’a vu en confession, ni à la communion pascale, qu’il n’a jamais eu d’autres réponses à ses remontrances que des propos badins. D’ailleurs, Laurent est jureur, outrageux, ivrogne. Tel n’est pas l’avis du curé de Pierrefitte qui, après deux jours, obtient un ordre d’inhumation et, sans attendre la décision de Le Soudier, fait enlever le corps pour le mettre en terre consacrée. Le curé de Montmagny est indigné : le corps a été transporté sans drap mortuaire, sans croix, ni bénitier, ni luminaire… Il fait signer son mémoire par Le Roy, maître d’école et Salomon Émery.

Mais il passe de bons moments, parfois teintés de soucis : en 1736, leurs altesses Louis Henri de Bourbon, Prince de Condé, Duc d’Enghien, et Charlotte, fille de la Duchesse de Bourbon, font nommer la cloche Louise-Charlotte par leurs représentants. L’église Saint-Thomas de Cantorbéry est reconstruite. Bien que la commission comprenne l’Archevêque de Paris, le curé seul bénit les travaux le 23 novembre 1740 en présence des marguilliers Charles Daunard et Denis Cousin.

En 1757, le président de Chavaudon fait marier son fils à Montmagny par le curé de Saint-Roch. Après la cérémonie, Le Soudier, qui a quand même concélébré, écrit : « Ce mariage a été fait en ma présence et de mon plein consentement », ce qui montre à quel point il a été ulcéré.

En 1752, un Récollet de Saint-Denis reçoit la conversion d’un juif de nation, Baruch Lévy d’Haguenau, que le roi a autorisé à résider à Paris en 1751, puis il le baptise. Lévy signe en caractères hébraïques et français, le tout en présence de nombreux témoins parisiens de haut rang, des marguilliers, Bordier Michel et Claude Lemire, du syndic Michel Émery, du maître d’école Dubosq. Le curé est absent.

Par la suite, l’église verra de belles cérémonies : la belle-fille de Chavaudon, Élisabeth de Frémont, est marraine de la fille de son jardinier (1760). Le président de Chavaudon est inhumé dans l’église en 1765, sa petite-fille est baptisée en 1772.

Enfin, en 1783, est inhumé dans l’église d’Hérouville, abbé de Saint-Serge, chanoine de Notre-Dame qui réside au château3.


La natalité et les nourrissons à Montmagny

À partir de 1620, des sages-femmes venant des paroisses voisines pratiquent les accouchements et ondoient les enfants en péril de mort. Pour les jumeaux, les parents font parfois appel à un chirurgien de Saint-Denis, Pierrefitte, Montmorency, ce qui n’empêche pas deux femmes et quatre enfants de mourir en 1677.

La mortalité annuelle varie dans de grandes proportions selon les périodes. Elle est parfois très faible : 6, 7, 8 personnes, dont certaines âgées de 80 à 95 ans. Mais elle peut aussi être très élevée, dépassant largement le nombre des naissances, en fonction de disettes, d’épidémies ou de faits de guerre. Ainsi, en 1691, 14 naissances, 20 décès. En 1693, 10 naissances contre 29 décès. En 1694, 8 naissances et 21 décès. La natalité moyenne au cours du XVIIe siècle, passe de 13 par an entre 1611 et 1653, à 16 entre 1668 et 1699.

Les mères allaitantes accueillent probablement des nourrissons, mais ce fait n’est mentionné qu’à partir de 1629. Les parents parisiens affectionnent d’être parrains dans des familles rurales. Ils habitent autour des Halles, paroisse Saint-Eustache (rue Saint-Denis), Saint-Nicolas-des-Champs (rue Saint-Martin), Saint-Leu et Saint-Gilles, Saint-Germain-l’Auxerrois, Saint-Jacques-la-Boucherie, Saint-Landry, Saint-Merry (rue de la Lanterne). Ils sont marchands, apothicaires, parcheminiers, tailleurs, cordonniers, maîtres jurés du roi en œuvres de maçonnerie, secrétaires du roi, procureurs au Châtelet, au Parlement, greffiers divers, receveur des consignations au Châtelet, clercs de conseillers au Parlement, petits officiers du roi, de la dauphine, garde du corps du roi, conducteur des laquais de la reine…

À Saint-Denis, ils sont épiciers, orfèvres, chirurgiens, médecins, garde des plaisirs de sa Majesté (garde-chasse de la Plaine). On trouve aussi un futur maire de Saint-Denis à la Révolution, Hochereau. Montmorency donne son contingent de parrains. On trouve ainsi : un procureur à cheval du duché ; Chéron, un greffier de justice ; Le Laboureur, d’une illustre famille qui a donné un bailli de Saint-Denis, lequel finit ses jours à Montmorency ; un chirurgien juré …

Par contre, la famille seigneuriale des Huault, sa femme, son gendre, ses enfants sont rarement parrains ; Adrien Huault, le dernier, ne le sera jamais.

Au cours du XVIIIe siècle, la moyenne de décès des nourrissons est très faible : entre 0,2 et 0,5. Les nourriciers sont connus dans la mesure où ils ont eu la malchance d’en perdre un ; ce sont des vignerons, le maréchal, le maître d’école. Il devait y en avoir autant que d’accouchées.

Par contre, la mortalité des enfants de Montmagny est de 7 en moyenne au cours du siècle pour une natalité de 17. L’augmentation naturelle de la population est à noter, malgré des années catastrophiques où l’excédent des décès est important : 17 en 1767, 15 en 1783. Les années changent, en 1769, 17 naissances sont enregistrées contre 2 décès, en 1789, 16 naissances pour 5 décès.

Les parents des nourrissons parisiens sont issus du même milieu et du même secteur d’activités : meunier de Paris, payeur des gages de Messieurs du Parlement, conseiller à la cour des aides, maître luthier de Saint-Sulpice, maître sellier, doreur sur bois (rue des Gravilliers), marchand limonadier, sous-directeur des Fermes au nom privilégié : Pincemaille… ! 4


Les activités principales

L’activité viticole est la principale ressource de Montmagny5. C’est en effet l’un des bourgs viticoles de production moyenne de la Vallée, après Sannois, Eaubonne, Ermont, Groslay et Deuil. Pour l’année 1788, la production de vin est de 918 muids, soit 209 304 litres, alors que Deuil, par exemple, gros bourg viticole, produit la même année 2 661 muids, soit un peu plus de trois fois celle de Montmagny (soit 34,50 % de la production de Deuil)6.


Les activités secondaires

La première d’entre elles est pratiquée dans le village par des hommes ou des femmes. Il s’agit de la dentelle : la blonde. Les dentellières et marchands de dentelles en Vallée de Montmorency sont connus par les registres paroissiaux, les minutiers ruraux, les archives judiciaires et récemment par l’étude de Béatrix de Buffévent, L’Économie dentellière en région parisienne au XVIIe siècle. Les négociants en dentelles, cependant, sont rares dans la Vallée : 3 à Montmorency, 4 à Taverny et 2 à Saint-Leu (en comparaison, pour le Pays de France, où ils sont 121 à Villiers-le-Bel), et 10 ouvrières professionnelles en dentelles (attestés en tant que métier principal et déclarés officiellement) sont mentionnés à Montmagny dans le rôle de taille au XVIIe siècle, chiffre identique à celui de Saint-Prix, à la même période, avec également 10 ouvrières en dentelles7.

Par ailleurs, au XVIIIe siècle, de petites gens prennent en nourrice des enfants des « bourgeois » de Paris et de la région, comme nous l’avons vu8, pour compléter leurs faibles revenus9. Ces nourrissons sont élevés dans des conditions souvent discutables, ce qui provoque un grand nombre de morts précoces10.

Les anciennes carrières de Montmagny

La rue des Carrières et le sentier des carrières-Pinson font référence à un élément ancien du patrimoine industriel de la commune aujourd’hui disparu. En effet, depuis le XVIIIe siècle (et sans doute auparavant, depuis les périodes gallo-romaine et mérovingienne), des carrières de gypse saccharoïde11 à ciel ouvert sont exploitées sur les versants de la butte Pinson. Parmi ces carrières, la plus connue est celle de M. Audebert, qui l’exploite pour produire du plâtre de grande qualité, dans une usine qui jouxte l’excavation. Après plus d’un siècle d’exploitation, les carrières seront comblées à partir des années 1960 et remplacées par un parc paysager12.

La Carte des chasses (1770) figure de nombreuses « carrières à plâtre » creusée au pied de Montmorency13 et sur les trois flancs de la butte de Richebourg, détachée à l’est du massif principal, près des villages de Montmagny, Groslay, Saint-Brice, Villetaneuse et Pierrefitte14.


« Les fours de l’usine à plâtre au pied de la Butte Pinson sont formés de trois murs surmontés d’une couverture en tuiles, soutenue par une charpente en bois. Les plus gros fragments de pierre sont déposés à la base, de manière à former des voûtes qui seront remplies de coke. Le coke est alors allumé à l’orifice resté libre et les combustions se propagent peu à peu […]. Les pierres sortant du four sont portées sous les broyeurs. Le tamisage se fait automatiquement au moyen de la grande roue à auges pour fournir du plâtre à bâtir. Pour les plâtres à mouler, il faut une cuisson égale, pour cela on utilise des fours analogues aux fours des boulangers […] le broyage est le même mais le tamisage se fait au blutoir15 ».


Au milieu du XIXe siècle, un membre d’une famille de quatre générations de plâtriers du Parisis, Adolphe Vieujot entame le parcours qui mènera sa descendance de Villetaneuse au Barrage de Pierrefitte à Montmagny16, puis jusqu’à la plâtrière dite Pavé-Saint-Paul à Soisy-sous-Montmorency17.

À Montmagny, l’instituteur, Georges Grosse, nous indique, dans sa monographie de 1899, qu’est implantée une fabrique d’ornements de plâtre, associée à la plâtrière Christiaens. La famille Vieujot reprendra l’exploitation du gypse et la fabrication du plâtre sur ce site. Il nous indique aussi qu’à proximité de l’entreprise Christiaens de Montmagny, qui sera reprise par Adolphe et son fils Juste Vieujot au début du XXe siècle, « un mouleur a son atelier sur place […]. Les ateliers sont occupés par de jeunes artistes qui s’occupent de la fabrication d’ornements en carton-pâte (très à la mode à cette époque). À côté : ateliers de fabrication des moules à creux perdus, moules bons-creux et en gélatine pour l’ornementation intérieure18 ».


L’évolution démographique sous l’Ancien Régime

Nous ne possédons pas le chiffre de la population magnymontoise pour l’année 1471, contrairement aux autres villages valmorencéens. Au début du XVIIIe siècle, le chiffre augmente faiblement : 101 feux, soit 404 habitants en 170919. La population, reste à peu près constante dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, avec 112 feux, soit 448 habitants, en 1785 et connaît une faible augmentation également à la période révolutionnaire : 506 habitants en l’an IV, soit une population multipliée par 1,25 en 85 ans20, ce qui fait de Montmagny à la Révolution un des villages les moins peuplés de la vallée de Montmorency.


Les prémisses de la Révolution

La crise agricole, à la fin de l’Ancien Régime, chasse les paysans sans terre de la province. Dans les villes, la misère chasse les tâcherons sur les routes. Il en meurt deux, venant de Saint-Denis, en 1783. Un autre devenu mendiant, trouve à s’embaucher chez un vigneron en 1789.

Cet exode explique l’attitude des journaliers du village qui s’opposent aux nouveaux venus pour défendre leur propre gagne-pain.

La rédaction des registres paroissiaux et donc de l’état-civil colle à la vie elle-même. Leur étude nous révèle qu’en 1789 la société est arrivée au terme d’une évolution profonde : une organisation paysanne s’est créée, que la Révolution mettra en pleine lumière lorsque le carcan féodal sera détruit.

Les riches propriétaires vignerons tiennent l’essentiel de la vie municipale, le seigneur n’est plus qu’un parasite. Syndics, procureurs fiscaux, tabellions21constituent une municipalité en puissance. En qualité de marguilliers, ils contrôlent la cure et « tiennent » le curé.

En 1789, seule la puissance seigneuriale et ecclésiastique disparaît. Tout le reste continue comme par le passé en changeant de nom. Un bourgeois devient chef de la Garde Nationale, les paysans n’en ont pas le goût. Un riche vigneron, Daunard, fait étalage de sa qualité d’électeur et de membre de la municipalité. Lorsque l’état-civil est laïcisé, le 11 novembre 1792, le registre ancien est arrêté par Emery, maire, assisté de deux officiers municipaux, Emery et Berthe. Mais le curé Simon continue de rédiger les actes en qualité d’officier public. Le maître d’école Trumelet devient greffier.

Ainsi, 1789 marque essentiellement la prise de la totalité du pouvoir municipal par les propriétaires fonciers22.


L’évolution sociale aux XIXe et XXe siècles

Montmagny restera longtemps un village agricole stable avec ses vieilles maisons rurales.

Pendant des siècles, les activités agricoles, arboricoles23 (poiriers et cerisiers) et viticoles24, de même que la culture spécialisée de la pivoine, ainsi que l’exploitation artisanale du gypse dans les coteaux et sa transformation en plâtre, réalisées sur la Butte Pinson, rythment la vie des magnymontois dans un cadre traditionnel. Mais l’arrivée tardive du chemin de fer en 1876 (30 ans après l’ouverture de la ligne de Paris-Nord à Pontoise par Ermont), avec l’ouverture au trafic de la ligne de Paris-Nord au Tréport par Persan-Beaumont et Beauvais, la création d’une station à Deuil-Montmagny (en 1876) et d’une autre à Épinay-Villetaneuse (1880), attire petit à petit une population nouvelle. Cet apport démographique modifie la répartition des domaines agricoles, par la vente et la parcellisation des grands domaines, et des parcelles de vigne au profit de la construction de l’habitat particulier. Mais cette évolution se fait lentement.

Les nouveaux Magnymontois ignorent le passé de leur commune. Ils viennent de province pour la plupart, travaillent à Paris et n’attendent de leur commune d’accueil que la paix et le sommeil. Durant ce temps, les vignerons d’hier, confrontés au phylloxera, deviennent arboriculteurs et exportent leurs produits vers l’Angleterre. Que le prix des fruits de qualité baisse, que la mévente survienne du fait des conditions économiques de l’entre-deux-guerres, nos cultivateurs haussent le ton et s’en prennent à cette nouvelle population qui s’implante sur leurs terres et n’en vit pas. Le conflit entre ces deux entités ne s’apaisera que vers 1970, peut-être parce que le prix de vente des terrains de culture assure une meilleure rentabilité que la production fruitière25.


L’évolution démographique

En 1801, la population magnymontoise est de 577 habitants. De 1876 à 1896, l’accroissement de population dépasse celui des cinq siècles précédents. Les chiffres augmentent sensiblement avec 1 208 habitants en 1896, ce qui signifie une population multipliée par 2 en 95 ans, c’est-à-dire une croissance plus lente que dans le reste de la Vallée, pour les raisons que nous venons d’évoquer lors de l’étude de l’évolution sociale aux XIXe et XXe siècles.

De 1349 habitants en 1901, la population passe à 6 584 habitants en 1968, soit une population multipliée par 4,88 en 67 ans. L’augmentation devient surtout sensible avec les constructions collectives verticales des années 1960 et celles des zones pavillonnaires et maisons de ville des décennies 1980. La population de Montmagny est de 14 132 habitants au recensement de 2006.


Le bornage de 1824 entre Montmagny et Villetaneuse

Les limites entre Montmagny et Villetaneuse sont, semble-t-il, restées inchangées très longtemps. Toutefois, les autorités éprouvent le besoin, en 1824, de borner avec précision le secteur formant la limite à l’est de Montmagny et au nord de Villetaneuse. Les deux communes conviennent de la date de ce bornage : le 9 septembre 1824.

Les commissaires désignés par les deux communes se réunissent au bas du chemin des Arpents, limitrophes des deux localités. Cinq bornes ont été acquises : quatre aux frais de Montmagny, une aux frais de Villetaneuse, et les délégués décident de l’emplacement où elles vont être scellées.

La cérémonie dure plusieurs heures, et, si elle est discrète, ne manque pas cependant de solennité puisque les commissaires procèdent ensemble à la mise en place de chaque borne.

Un peu plus tard, les habitants de Villetaneuse font appel à la bonne entente avec la commune voisine pour ouvrir un chemin carrossable permettant d’aller jusqu’à la gare du chemin de fer. Celle-ci est dénommée, dans le dernier quart du XIXe siècle, Épinay-Villetaneuse, bien qu’elle soit assez éloignée des deux agglomérations. Ce chemin carrossable est devenu l’une des grandes voies communales de Montmagny : la rue d’Épinay26.


LE PATRIMOINE ANCIEN ET LES SITES DE MONTMAGNY


Après la réussite de la première expérience de transmission par télégraphe optique entre Belleville et le village de Saint-Martin-du-Tertre, conduite par les frères Chappe en juillet 1793, la Convention décide la construction d’une ligne Paris-Lille. La tour de Montmagny est le premier relais après Montmartre. La redoute construite après la défaite de Sedan (1870) pour assurer la défense de Paris s’élève au nord de la même Butte-Pinson. La chapelle Sainte-Thérèse-de-Lisieux (242 rue d’Épinay), bâtie par Auguste et Gustave Perret en 1926-1927, est classée monument historique depuis 1997.


L’armorial de Montmagny

La description héraldique des armes de la commune de Montmagny est la suivante : « d’or à la fasce d’azur chargée de trois molettes du champ et accompagnée de trois coquerelles de gueules, à la bordure du même chargée de huit pivoines d’argent », avec en-dessous la devise : « acta non verba » (agissante sans discussion).

Les armes sont celles de la famille Huault, auxquelles a été ajoutée la bordure27. Les pivoines figurant sur la bordure symbolisent une culture spécifique et intensive de cette plante bulbeuse aux fleurs éclatantes à Montmagny, d’où elles sont principalement exportées (après l’arrivée du chemin de fer et les créations de la gare de Deuil-Montmagny en 1876, et de celle d’Épinay-Villetaneuse en 1880), jusque dans les années 1980, sur la capitale toute proche.

Autour du blason se trouvent ce qu’on appelle les ornements extérieurs. L’écu est timbré de la couronne murale à trois tours crénelées d’or.

Ajoutons que la couronne murale est l’emblème que portent les déesses grecques tutélaires des cités, et non pas le symbole de l’ancien château de Montmagny, comme le suppose François Legallais28.


L’église Saint-Thomas Becket

On trouve à Montmagny l’une des plus anciennes églises de France dédiées à saint Thomas de Canterbury. En 1184, elle est déjà dédiée à ce saint évêque, mort assassiné par les partisans du roi Henri II d’Angleterre le 29 décembre 1170, sans que l’on sache par quelle voie cette dévotion est parvenue dans le village. L’église ancienne menace ruine lorsque l’abbé Lebeuf la visite en 1738. Elle a été alors interdite à cause des risques d’effondrement. Le bâtiment actuel date donc de la moitié du XVIIIe siècle et a été érigé en partie grâce à des fonds libérés par le prince de Condé. Il a été fortement repris au XIXe siècle. Lors de sa construction, des fouilles ont révélé des fondations anciennes, sans qu’aucune date précise ne puisse être proposée.

L’extérieur n’offre pas de caractère particulier. L’accès principal se fait désormais par la porte latérale nord, en arc surbaissé. La façade ne présente aucun autre ornement qu’une grande baie cintrée placée sur un corps central, coiffé d’un toit à pan coupé. Les trois premiers quarts du clocher, avec ses massifs contreforts sont peut-être un reste de l’église précédente, mais remontent tout au plus au XVIIe siècle. Les ouvertures de l’ancien dernier étage existent toujours. Un étage supérieur a été rajouté à cette tour en 1884, par l’architecte Alexandre Cailleux. Elle a été entièrement reprise dans les années 1930 et cimentée.

L’église est construite en moellons à chaînage de pierre. Elle est assez grande et régulière : elle se compose de trois vaisseaux de six travées. La nef est prolongée par une abside. Il s’agit d’une des plus ambitieuses entreprises valmorencéennes au XVIIIe siècle, même si elle n’a pas l’originalité des réalisations postérieures, plus petites mais plus novatrices comme à Arnouville ou à Châtenay en Pays de France. Les grandes arcades des cinq travées sont en plein-cintre, aux moulures très sobres inspirées de l’ordre toscan. Une corniche moulurée articule la retombée du lambris qui couvre le vaisseau. L’ensemble est très lumineux, grâce aux grandes baies cintrées qui l’éclairent. L’abside possède un plan inhabituel, l’hémicycle étant à peine marqué. Cette disposition est liée à des contraintes de terrain, dont l’architecte a su heureusement tiré parti : profitant des décrochements, il a donné au lambris un profil en conque. À la jonction avec le reste de la couverture, on trouve une clé ornée de têtes d’anges. En 1844, le baron de Guilhermy a pu encore voir un panneau de vitrail du XVIIe siècle représentant la Naissance du Christ qui n’existe plus aujourd’hui. Quelques pierres tombales transférées depuis l’ancienne église rappellent la présence de la famille Huault, dont l’un des membres fonde, au XVIe siècle, la ville de Montmagny au Québec (cf. ci-après). Le décor du XIXe siècle ne subsiste que partiellement, les peintures murales de l’abside et du chœur ont cependant été sauvegardées29.

À la mort du prince de Condé, duc de Bourbon, en 1741, les murs et les piliers de l’église neuve, dont il était le bienfaiteur, furent recouverts de sa litre funéraire, « bande noire aux armoiries du duc et pair », comme nous l’indique Charles Lefeuve30, il en fut de même dans l’église de Saint-Prix31. La pratique des litres funéraires, qui débute au XVIe siècle, dure jusqu’à la fin de l’Ancien Régime32, ce qui est le cas pour Montmagny.

On remarquera en outre les armes des Bourbons et celles des Huault sculptées sur la porte latérale, datant de 1740, de l’église Saint-Thomas de Canterbury de Montmagny33.


La chapelle Sainte-Thérèse

Les visiteurs de Montmagny peuvent admirer une œuvre discrète d’un architecte visionnaire, Auguste Perret (1874-1954). Principal promoteur du béton comme matériau de construction à la fois économique, pérenne et esthétique, il n’hésite pas à déclarer que ce matériau est « le plus apte à réaliser les conceptions les plus idéalistes, à symboliser les élans mystiques des fidèles vers le ciel ». Il permet aussi des constructions imposantes au moindre coût. On pourrait s’attendre de sa part à une abondante production d’édifices religieux, d’autant qu’en 1923, il a achevé au Raincy l’église Notre-Dame, véritable « Sainte-Chapelle du béton ». Mais en 1926, ses idées novatrices sont rejetées par la commission chargée du choix du projet de basilique dédiée à Sainte-Jeanne d’Arc, dans le XVIIIe arrondissement. Le projet d’église en béton à flèche de 200 mètres paraît irréaliste. Il faut attendre 1952 pour que Perret signe sa seconde grande œuvre religieuse : Saint-Joseph du Havre, ville dont il supervise alors la reconstruction. Entre ces deux monuments-clés du XXe siècle, il dirige la construction de quelques chapelles de couvents, et de Sainte-Thérèse de Montmagny.

Le succès du Raincy vaut à Perret une seconde commande rapide de la part de l’abbé Léon-Victor Garnier. Elle concerne Montmagny, dont la partie sud de la commune est très éloignée de l’église paroissiale. L’édifice est achevé en un an et est inauguré en septembre 1927. Il s’agit d’un surprenant modèle réduit de Notre-Dame du Raincy, tout en possédant de réels accents d’originalité.

À l’extérieur, l’édifice est volontairement très sobre, en étant laissé en béton brut. Pour la seconde fois en France, le béton apparaît dans un édifice religieux sans la pudeur d’un enduit. La chapelle ressemble à une cage vitrée percée de claustras qui occupent chacun toute la largeur d’une travée. La façade possède de vigoureuses lignes verticales, grâce au clocher élancé dont le profil a été revu par Perret. Proche de celui du Raincy dans les premiers dessins, il gagne ensuite en sobriété pour assumer sa ligne actuelle. Partout, les caractéristiques du béton de Perret sont présentes : des traces de coulages, mais aussi une certaine faiblesse du matériau qui conduit malheureusement à sa dislocation, ce qui laisse souhaiter que la chapelle fasse bientôt l’objet d’une même restauration exemplaire que sa sœur aînée.

Le plan est basilical. La nef est bordée de bas-côtés plus bas et assez étroits. Ils sont isolés d’elle par de minces colonnes en béton cannelées qui filent vers le haut pour soutenir la voûte en berceau très surbaissée. Le chœur occupe simplement la dernière travée de cet ensemble. Comme souvent chez Perret, l’entrée de l’église est particulièrement soignée. Au-dessous du clocher est ménagé un narthex qui s’ouvre sur une tribune. L’éclairage est une réussite incontestable, même si l’absence d’ouverture au-dessus du maître-autel atténue l’effet « Sainte-Chapelle » du Raincy. On retrouve en revanche le célèbre système des claustras de béton qui laissent passer une lumière abondante et colorée par des vitraux en simples dalles de verre composant des motifs de couleur. Les bas-côtés et le narthex sont éclairés par de petits puits de lumière ouverts dans le plafond. Le décor pictural a lui aussi été très soigné. Il est l’œuvre de Valentine Reyre, une des plus grandes femmes peintres françaises du début du XXe siècle34. Née en 1889, elle collabore dès 1917 au mouvement de l’Arche qui, autour de Maurice Denis, associe peintres et architectes en vue de renouveler l’art sacré monumental. Entre 1926 et 1936, elle réalise à Montmagny la grande fresque du mur surmontant l’abside puis le Chemin de Croix. Ce chemin de croix est remarquable par le souci de la composition et l’association d’éléments expressionnistes, comme l’accentuation des lignes diagonales dramatisantes, et d’autres plus proches du cubisme comme le fait de travailler en creux l’enduit pour délimiter les contours des personnages. La fresque du chœur, moins novatrice, a été gravement mutilée par un ecclésiastique en charge de la chapelle qui la fait badigeonner, à l’exception de la partie centrale. Malgré l’acte de vandalisme dont elle a été victime de la part de ceux qui devaient en assurer la sauvegarde, elle a conservé sa force expressive. Sainte-Thérèse de Lisieux est agenouillée aux pieds d’une Trinité souffrante entourée de chœurs angéliques. La force linéaire des visages, refus de tout pathos exagéré, produit un effet d’intériorisation intense des sentiments les plus ardents35. Elle est située au 242 rue d’Épinay.


L’ancien séminaire

Il est implanté au 6, rue de Montmorency. La première fondation religieuse en ces lieux date de 1898, avec le rachat, par les abbés Théodore et Léon Garnier, du pavillon autrefois possédé par la famille de Condé. Ils y établissent une maison de retraite pour prêtres âgés et commencent à construire les édifices actuels. Entre les deux Guerres, la fondation est transformée en séminaire à destination des « vocations tardives ». Désaffectés en 1970, les bâtiments ont d’abord abrité des services municipaux et accueillent maintenant l’École municipale de Musique et de Danse ainsi que des associations culturelles ou de loisirs. Trois corps de bâtiment flanquent une cour rectangulaire à portique. Au fond de cette cour s’élève la chapelle, en briques, datant des années 1930. Son style est typique de l’époque, à la fois économique et aux accents modernes très prudents. Quel contraste avec la chapelle Sainte-Thérèse voisine construite par Auguste Perret de 1925 à 1927 ! Dans l’ancien séminaire, les seuls accents novateurs consistent en des insertions de céramiques sur le tympan du porche et sur le pignon de la façade. L’intérieur, qui sert de salle d’expositions et de conférences, est à vaisseau unique, couvert d’un berceau surbaissé. Les fenêtres sont ornées de vitraux abstraits des années 196036.


La redoute de la butte Pinson

Cette redoute, construite entre 1875 et 1877 par le 1er régiment du génie, sur la butte Pinson, a pour fonction stratégique de fermer l’espace compris entre les forts d’Écouen (vers 1875) et de Stains, et de contrôler les voies ferrées de Beaumont et de Creil. Treize pièces d’artillerie stationnent sur le rempart. Le magasin peut contenir dix tonnes de poudre et la caserne est conçue pour héberger sept officiers et cent-quarante-quatre hommes de troupe. Durant la Seconde Guerre mondiale, le 24 août 1944, elle est l’enjeu d’un combat entre le 105e régiment de grenadiers allemands et les chars de la 2e division blindée sous les ordres du commandant Massu, qui enlève la place après trois heures de combat. Le 28 août, le général Leclerc en fait son poste de commandement. Les installations sont déclassées en 1965, avant d’être cédées au syndicat intercommunal (C.A.V.A.M.)37.


ILS ONT HABITÉ MONTMAGNY


Charles de Huault de Montmagny, pionnier du Québec

Né en 1589, il est élève des Jésuites au collège de La Flèche (Sarthe) avant de devenir chevalier de Malte en 1622. Ce n’est pas, pour lui, une « gloriole ». Capitaine de vaisseau, il commande les Galères de la Religion et remporte, le 6 août 1627, une victoire navale sur le Bey de Rhodes, si bien qu’en 1630, l’ordre de Malte lui renouvelle son commandement.

À cette époque, les Barbaresques écument la Méditerranée, pillant les navires marchands, faisant des esclaves vendus en Algérie et en Asie. Ce sont des marins redoutables et, pour les affronter, il ne faut pas manquer de cran.

Cet amour de la mer et du risque l’oriente vers l’Amérique. On sait peu que chacun des ports de la Manche, à cette époque, est spécialisé dans une activité coloniale particulière. Ainsi Champlain visite le Canada pour le compte du commandeur de Chastes, gouverneur de Dieppe et commandeur de l’Ordre de Malte : il y meurt en 1603, avant de le rejoindre comme il en a l’intention.

Charles de Montmagny, sans abandonner l’ordre de Malte, devient en 1632 un des directeurs de la Compagnie de la Nouvelle France, créée par Henri IV et devenue en 1627, à l’instigation de Richelieu, Compagnie des Cent associés.

On peut se demander s’il n’a pas été adjoint à Champlain car, à la mort de ce dernier, en 1635, il devient lieutenant général gouverneur du Canada.

Comme son prédécesseur et selon la pensée de l’époque, son action commerciale s’accompagne d’un effort systématique d’évangélisation. Ainsi, Champlain a introduit pour le compte du commandeur de Chastes, les Jésuites en Acadie (1611) puis les Récollets (1615) avant de devenir en 1620 lieutenant général au Canada.

Le Canada, évoqué par le XVIIIe et le XIXe siècle comme un pays idyllique, est réellement un pays difficile à cause, non du climat, mais des Amérindiens groupés en peuplades nombreuses. Ainsi, autour de Québec, poste central de Charles Huault, les Micmac ou Souriquois peuplent la rive sud du Saint-Laurent, les Papinachois la rive nord. Les Montagnais se trouvent entre eux et les Algonkins, groupés au nord des Grands Lacs.

Au sud vivent les Etchens ou Malites, les Abenakis, les Sokotis, les Mohicans, les Andastes. Ils entourent les « farouches » Iroquois, qui sont séparés des Hurons par une nation prudente, en vain : la Nation neutre. En vain, car les Iroquois battent le pays à la chasse aux Hurons, à qui ils reprochent d’être perméables aux influences françaises et à la propagande religieuse.

En 1630, la menace iroquoise contre Québec, où se trouvent les congrégations et les magasins de la Compagnie, devient si forte que Charles Huault fait dresser le plan de la Ville Haute et construire des fortifications pour la protéger (octobre 1635).

Ce travail achevé, Huault fait au moins deux voyages en France (juin 1636 - été 1637) et revient en octobre 1637 sur le navire amiral de Duplessis Bouchart, parti de Dieppe. Il amène avec lui deux missionnaires jésuites pour les Hurons et des renforts français : Pierre le Gardeur, sieur de Repentigny, en Normandie, avec toute sa famille y compris son frère Charles de Tilly, sa sœur et son mari Jacques-le-Neuf de la Potherie.

Quelques semaines plus tard, l’ordre de Malte lui enverra un adjoint Louis Antoine Achille de Bréhant, chevalier, qui restera auprès de Huault jusqu’en 1642.

À partir de 1637, Montmagny se fixe définitivement au Canada pour l’administrer au milieu des tribus souvent hostiles pour des raisons qui nous interpellent : les Européens ont amené un certain nombre de maladies qui déciment d’abord les Hurons. Ceux-ci arrêtent et jugent un missionnaire, le père Châtelain et ses compagnons, coupables de « sortilèges » et « d’avoir empoisonné l’air, ce qui causait la peste dans tout le pays ». Les feux sont allumés plus près les uns des autres qu’à l’ordinaire et semblent ne l’être que pour eux. Cependant le Conseil des Sages de la tribu les acquitte et les libère. On sait, à cette dramatique occasion, que les Français écrivent leurs relations sur des écorces de bouleaux aussi blanches et polies que le vélin (1638).

En 1639, Charles de Montmagny reçoit pour l’enseignement des filles indigènes, un groupe d’Ursulines de Tours conduites par Marie Guyard, appelée en religion Marie de l’Incarnation. Il les installe dans la ville haute de Québec, près de la maison des Jésuites et des magasins de la Compagnie.

Le 7 avril 1639, Louis XIII le nomme Lieutenant Général et Gouverneur pour le Roi, du Québec et de l’étendue du Havre Saint-Laurent. La monarchie se substitue à l’administration des ports de la Manche.

En 1640, l’affrontement de la « colonie » avec les Iroquois commence. Le 13 septembre, les Français apprennent qu’ils mangent les missionnaires prisonniers. Ce conflit les accaparent pendant plusieurs années. Il n’empêche pas Huault de Montmagny de travailler pour l’avenir. Ainsi en 1640, il envoie à Tours un exemplaire de bave38 locale afin qu’on étudie le moyen de la tisser : le mari décédé de Marie Guyard était artisan-maître en soie, et justement à Tours, ce qui explique la démarche du gouverneur.

En 1641, il opte définitivement pour l’évangélisation des Hurons, dont il a gagné la confiance. Les Iroquois décident de passer à l’attaque. Aux Trois Rivières, ils battent les Hurons et les Algonkins et font des prisonniers. Montmagny les contraint à se retirer. Mais, profitant de la nuit, les familles des captifs entrent dans le camp ennemi et tuent des femmes et des enfants. La vengeance est immédiate : cinq Hurons sont pris et mangés.

Alarmé par cette guérilla imprévisible et dangereuse, Montmagny fait construire très rapidement un fort, à l’insu des Iroquois. Ceux-ci, convaincus que leur terrible réputation détruit toute résistance, attaquent en force avec 300 guerriers. Surpris par la fermeté des assiégés franco-hurons, ils ne tardent pas à se décourager et à s’enfuir. L’événement s’est passé au lieu-dit Richelieu, aujourd’hui Sorel.

On ne constate plus, par la suite, que des coups de main contre les Hurons, surtout pour capturer des femmes. Les Ursulines continuent leur œuvre d’éducation, bien que les Hurons fassent plus volontiers instruire leurs fils que leurs filles. Mais celles-ci, aux dires de Montmagny, sont « parfaites ». Il n’estime que « les filles sauvages nourries dans les bois et dans les neiges et nouvellement converties, (ont) une politesse d’esprit qui ne se trouve pas chez bien des filles élevées en France ». Ce n’était guère aimable pour nos « concitoyennes », mais le fait que Montmagny n’ait jamais été marié explique ce qui – La Bruyère mis à part – peut être une faute de goût (1642).

En 1643, après le départ du Chevalier de Bréhaut, arrive à Montréal un nouvel adjoint, Louis d’Ailleboust. Depuis 1630, le Canada s’est transformé. Les victoires remportées sur les Iroquois ont mérité à Huault le surnom: Onont[h]io (Grande montagne, traduction indienne de « Montmagny » sous sa forme latinisée). Par comparaison, le Roi de France est appelé le Grand Onont[h]io.

En 1644, la Régente lui envoie 60 soldats pour les différents postes. Montmagny en prend 22 pour passer l’hiver en Huronie, assurer le ravitaillement des populations et les protéger contre les raids iroquois. Le résultat est que le commerce avec la France a beaucoup augmenté. Mais l’importance croissante du trafic a introduit de nombreux aventuriers qui vendent des armes (surtout aux Iroquois) et de l’alcool. Sa consommation rend les indigènes furieux. Montmagny en interdit la vente – en vain, peut-on le craindre. Aussi, fait-il achever la clôture de la ville haute du Québec par une barricade de pieux. Un fait curieux laisse penser qu’existe déjà une sorte d’urbanisme : les Ursulines promettent de rendre à la voirie un territoire que la nécessité a fait enclore dans leur domaine.

Avec les Iroquois, le Gouverneur décide de pratiquer une politique de générosité. Ayant fait des prisonniers en 1644, il les libère quelque temps après, les invite à retourner dans leurs tribus et à revenir s’ils le veulent. Ils le promettent et retrouvent leur tribu où on les croyait torturés, tués, dévorés. C’est une heureuse surprise. Pourtant, il faut attendre 1645 pour qu’ils envoient un délégué, suivi à peu de distance d’une délégation pour traiter la paix. On ne l’attendait plus. Il est accueilli à bras ouverts. Les autres demandent à être reçus par le Gouverneur, qui accepte et les fête à la mode du pays dans la maison des Révérends Pères. Au fond, chez les Iroquois, la férocité a pour cause la peur de la vengeance des parents de leurs victimes.

En 1646, Montmagny se rend chez eux. Les deux parties en présence traitent de la paix, et la ratifient selon le cérémonial connu de l’enterrement de la hache de guerre et du calumet fumé.

Hélas, comme chez les Hurons, le contact avec les Européens contamine les Iroquois. Ils sont décimés par les maladies. Convaincus que les missionnaires, assimilés à des démons, en sont la cause, ils décident de se venger. En 1647, un missionnaire et son serviteur, croyant entrer dans une maison amie, sont assommés par derrière et leur tête tranchée est fixée à un poteau de la tente. C’est la reprise des hostilités.

En 1647, Montmagny se voit offrir pour récompense de sa politique, le premier cheval reçu au Canada. Il en tire un grand honneur et un grand prestige.

Pourtant, sans qu’on sache pourquoi, il quitte Québec en 1648, laissant la place à Louis d’Ailleboust, directeur de la Compagnie à Montréal.

Il réapparaît en 1652 avec le titre, lié à l’ordre de Malte, de Lieutenant général de la religion, en remplacement du commandeur de Poincy.

Il réside aux Antilles, dans l’Île Saint-Christophe reprise aux Anglais par Richelieu qui y a installé le siège de la Compagnie des Îles, créée par lui en 1635. Il y possède un château, sur une vaste esplanade au bord de la mer, au pied de belles montagnes. Sa résidence, une sorte de donjon, se dresse au milieu d’un cercle d’entrepôts bas – sans doute pour le sucre, la vanille, les épices dont le commerce est jusque-là un monopole hollandais.

C’est là qu’il meurt le 4 juillet 1657, sans que l’on sache comment il a occupé les quatre dernières années de sa vie. Sa tombe doit toujours s’y trouver. Telle est l’histoire d’un homme dont Montmagny est en droit de s’enorgueillir39.


La ville canadienne de Montmagny

Parallèlement à ses activités d’administrateur, Charles Huault fait entreprendre d’importants travaux de défrichement près de l’Île-aux-Oies sur le fleuve Saint-Laurent. Le 5 mai 1646, il se voit concéder par Compagnie de la Nouvelle France, la propriété d’un site nommé la Rivière-du-Sud dont il devient le seigneur. Son domaine, qui inclut des terres entourant la rivière-du-Sud, l’Île-aux-Grues et l’Île-aux-Oies, mesure une lieue40 et demie de front pour quatre de profondeur. Le 28 septembre 1646, est signé un bail entre Charles Huault et Jacques Boissel. Ce laboureur d’origine orléanaise devient le responsable de la ferme de Montmagny, située sur l’Île-aux-Oies, où 80 arpents41 (26,66 ha) de terres labourables sont exploités. C’est à cet emplacement que se situe actuellement la ville de Montmagny (Québec, avec laquelle la commune de Montmagny (France) entretient de cordiales et solides relations42.

Pour honorer sa mémoire, un monument lui a été dédié, portant en médaillon le portrait de Charles Huault en bronze, gravé par le sculpteur J.P. Couture. Il a été inauguré à Montmagny Québec, en présence du maire de Montmagny France, en 2001.

De même, en France, le Conseil municipal de Montmagny a décidé en novembre 2002 de donner son nom à un mail nouvellement construit dans le quartier de la Jonction.

En outre, depuis 1979, l’esplanade située devant la bibliothèque en centre-ville s’appelle la Place du Québec, pour rappeler les liens historiques qui unissent Montmagny à son homonyme canadienne43.

NB. Montmagny, ville du Canada (Québec), chef lieu de comté, à la réunion des deux branches de la rivière du Sud. 12 200 habitants (en 1970). Centre agricole, commercial et industriel (hydro-électricité, industries du bois, constructions mécaniques). Le comté de Montmagny compte 26 800 habitants (en 1970).


Maurice Utrillo, peintre des paysages de Montmagny et de Sannois

Le peintre Maurice Utrillo, (Paris 1883 - Dax 1955), est fils de la femme-peintre Suzanne Valadon et, croit-on, d’un bohème nommé Boissy. Il porte à partir de 1891 le nom d’Utrillo, qui est celui du peintre et écrivain catalan Miguel Utrillo. Celui-ci réside à l’époque à Montmartre et reconnait l’enfant. Suzanne Valadon, de son côté, est modèle dans divers ateliers. Maurice Utrillo est élevé par sa grand-mère, rue du Poteau et rue Tourlaque. Après le mariage de sa mère avec Paul Moussis, il quitte Montmartre pour Pierrefitte, banlieue campagnarde au nord de Paris. Il fréquente l’école primaire de Montmagny, puis le lycée Rollin. La faiblesse de son caractère le conduit à l’alcoolisme. Il prend un poste au Crédit foncier, d’où son intempérance le fait renvoyer. Il doit subir à dix-huit ans une première cure de désintoxication.

Quand il regagne Pierrefitte, il a recouvré la santé, mais l’inaction lui pèse. Aussi, pour le distraire, sa mère lui donne-t-elle des cartons et des couleurs. Il commence alors à reproduire des paysages qu’il voit de sa fenêtre. Séduit par les Impressionnistes, Sisley, Pissaro, il s’intéresse à leur travail, puis il va peindre en plein air et exécute, dans les années 1902-1903, de nombreux paysages de Montmagny et de la butte Pinson. Devant les résultats qu’il obtient, la surveillance de sa mère se relâche et Utrillo quitte la banlieue pour regagner Montmartre, où il ne tarde pas à reprendre ses habitudes. Son état d’esprit s’accorde parfaitement avec les faubourgs lépreux dont, toute sa vie, il exprimera la mélancolie. Il peint les rues du vieux Montmartre et propose ses cartons aux marchands de vin du quartier, qui, parfois, acceptent de le servir en échange d’un paysage.

Vers 1907, il se dégage de l’influence des Impressionnistes et entre dans ce qu’on nommera plus tard l’époque blanche, d’une grande fécondité (700 à 800 œuvres). Pourtant, il ne peint que pour boire. Beuveries et batailles le conduisent au poste de police. Pour l’arracher aux tentations de la rue, Suzanne Valadon lui procure comme modèles des cartes postales, dont il s’inspire avec la même ferveur. À l’époque blanche, succèdent d’autres périodes, où dominent les rouges et les bleus. Il subit un moment l’influence de sa mère. Dans ses paysages, il fait figurer parfois de petits personnages, des femmes surtout, et pousse la minutie du détail à l’extrême.

En 1912, il expose au Salon des indépendants et au Salon d’automne, et présente, en mai 1913, sa première exposition, à la galerie Eugène Blot, rue Richepanse. Bien que la critique soit réticente, on commence à admettre que l’incorrigible ivrogne, dont les séjours dans les maisons de santé et les asiles d’aliénés se multiplient, est un artiste. Mais sa mère et son beau-père, André Utter, ne peuvent plus le laisser sortir : cloîtré désormais rue Cortot, puis avenue Junot et au château de Saint-Bernard (Ain), il se livre à une production intensive qui constitue son unique distraction. En 1926, il brosse les décors de Barabau pour les Ballets russes et, en 1948, ceux de Louise pour l’Opéra-Comique. En 1935, il épouse la femme-peintre Lucie Valaure et mène à ses côtés, dans leur villa de banlieue, une vie désormais édifiante. Maurice Utrillo est représenté dans les musées d’art moderne du monde entier.

Utrillo a séjourné deux fois à Sannois, deux mois à la fin du printemps 1912 et six mois de la fin de 1913, à juillet 191444. Le souvenir de cet artiste, dont l’œuvre s’est très souvent inspirée du charme des paysages sannoisiens, est conservé par la création du musée qui lui est dédié dans l’ancienne mairie de Sannois, la villa Rozée, place du Général Leclerc.

Le peintre habite Montmagny entre 1896 (il a alors 13 ans) et 1910. Il y peint les paysages de sa première période, au total 49 huiles, dont 6 versions de l’église. La maison où il a vécu avec sa mère Suzanne Valadon, était située rue de Pierrefitte. Elle a été dynamitée par les troupes allemandes en déroute, au mois d’août 194445.

À la Belle époque, la butte Pinson de Montmagny voit un adolescent turbulent réaliser ses premières toiles, encouragé par sa mère, elle-même artiste peintre débutante. Bien des années plus tard, les noms de Maurice Utrillo et de Suzanne Valadon vont être connus des amateurs d’art du monde entier. En 1958, le conseil municipal de Montmagny décide de leur rendre hommage en offrant leur nom à deux voies communales (la rue Suzanne Valadon, en substitution à la rue du Bois et l’avenue Maurice Utrillo). Dans le même esprit, la municipalité proposa en juin 2006 une exposition et un spectacle pour honorer la mémoire de Maurice Utrillo, peintre de la banlieue, à jamais associé à Montmagny46.


André Peytavin

André Peytavin (1926-1964), né en Roumanie, passe une partie de son enfance à Montmagny où sa mère assure le secrétariat du Conseil municipal, en plus d’être institutrice à Deuil-la-Barre. Le jeune homme suit de brillantes études de médecine puis devient vétérinaire.

Il officie en Afrique et dirige notamment le très réputé laboratoire de biochimie physiologique et médical de Hann, dans la banlieue nord de Dakar (Sénégal).

Il s’engage très tôt en politique et adhère au MRP (Mouvement républicain populaire, parti auquel appartient aussi l’abbé Pierre).

En 1957, sur proposition du poète et président Léopold Sédar Senghor, il devient ministre des finances du Sénégal, à seulement 31 ans. Il est le premier Européen à occuper cette fonction dans un pays d’Afrique noire après la décolonisation. Quelques années plus tard, il opte pour la nationalité sénégalaise, afin de témoigner son attachement à ce pays pour lequel il s’est investi sans compter.

Homme cultivé et amoureux de la langue française, il milite aux Nations-Unies pour l’utilisation du français comme langue de travail dans les organismes internationaux au même titre que l’anglais.

Après sa mort, la rue de la Plante-des-Champs a failli être rebaptisée en son honneur, mais cette proposition faite au Conseil municipal le 19 mai 1964 n’a pas eu de suite47.






ANNEXE


Récapitulatif des actes de la Seigneurie de Montmagny détenus aux Archives du Musée Condé de Chantilly48.


Permission donnée par le duc de Montmorency à Charles Huault, seigneur de Montmagny, maître des Requêtes de l'Hôtel, de faire clore sa maison de fossés, flancs et pont-levis, avec adduction d'eau et création de chemins, 1er juin 1599.

Foi et hommage de Louis Huault, seigneur de Montmagny et de Richebourg, 25 mai 1611.

Echange et bornage entre Louis Huault et Nicolas Robert, seigneur de Villetaneuse, 17 décembre 1628.

Foi et hommage de Louis Huault au prince de Condé, 21 février 1634.

Approbation des habitants de Montmagny au changement du chemin de Montmagny aux Carreaux [Carnaux], demandé par Louis Huault, 12 octobre 1642.

Foi et hommage d'Adrien Huault, conseiller du Roi en son Grand Conseil, 1er mai 1646, 5 décembre 1663.

Déclaration par Adrien Huault des héritages qu'il tient en roture, 2 janvier 1676.

II donne la terre de Montmagny à son cousin Nicolas de Malebranche, seigneur du Mesnil-Simon, conseiller au Parlement, 13 mars 1693. Foi et hommage, 14 avril 1694.

Foi et hommage de Christophe de Malebranche, sieur de Villebon, légataire en partie de Nicolas de Malebranche, 19 janvier 1704.

Foi et hommage de Pierre Thomé, seigneur de Saint-Georges et de Montmagny, qui, le 5 mai 1705, a acquis la terre de Montmagny de Nicolas de Malebranche et des autres légataires universels de feu Nicolas de Malebranche ; 10 mai 1705 (copie de 1742). Déclaration par Pierre Thomé des héritages qu'il tient en roture, 16 janvier 1706.

Changement de chemins à Montmagny, 1706-1707.

Foi et hommage d'André-Romain Thomé, fils de Pierre, 12 août 1715.

Foi et hommage de Louis Darboulin, qui, le 26 mars 1729, a acquis Montmagny de Thomé ; 5 juillet 1729. Déclaration des héritages tenus en roture, même jour.

Louis Darboulin et Elisabeth Bouillerot, sa femme, vendent Montmagny à Louis-Guillaume de Chavaudon, conseiller au Parlement, président au Grand Conseil et maître des Requêtes honoraire, et à Elisabeth Masson, sa femme ; 14 mai 1739. Foi et hommage, 5 juin.

Accord entre le prince de Condé et M. de Chavaudon sur la justice de Montmagny, 12 mars 1744.

Permission de faire un nouveau chemin à Montmagny et concession de l'ancien chemin au président de Chavaudon, 12 août 1762.

Recherche pour le service féodal, 7 février 1781.

Inféodation du chemin de la Justice et d'un petit terrain à Louis-Marie-Guillaume de Chavaudon, capitaine au régiment royal de Languedoc-dragons, 21 mars 1787.

Dédit en faveur de M. de Morambert pour l'acquisition qu'il est dans le dessein de faire d'héritages à Montmagny, 1er avril 1789.


Gérard Ducoeur,

avec des contributions d’Hervé Collet,

janvier 2010.





BIBLIOGRAPHIE


Ouvrages de base

Bedos (B.), La Châtellenie de Montmorency des origines à 1368, Aspects féodaux, sociaux et économiques, SHAP-VOV, 1980.

Béthencourt-Devaux (R.), Montmagny de ses origines aux 900 millions de Maurice Utrillo-Valadon, Essai, 1969, 74 p.

Cochelin (R.), Lecuir (M.-F.), Montmagny en 1900, éd. Valhermeil, 1997, 64 p.

Gachelin (M.), Histoire de Montmagny, Centre Culturel Communal, 1979, 112 p.

Grosse (G.), Monographie de l’instituteur 1900, Montmagny, 1899, 69 p., 33 photographies.

Lebeuf (abbé J.) : Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, Paris, 1883, t. 1, p. 586-589.

Lefeuve (C.), Histoire de la vallée de Montmorency, 1856 et 1866, ré-éd. CHAEVM, n°2, 1975, p. 75-76.

Legallais (F.), Charles Huault de Montmagny, in Revue de la Société d’Histoire de Montmorency et de sa Région, n° 27, 2009, p. 4-23.

Legallais (F.), Montmagny au fil des rues. Annuaire thématique et patrimonial des rues de Montmagny, éd. Valhermeil, Montmagny, 2007, 120 p.


Autres références

Arzalier (F.), Les communautés villageoises de la vallée de Montmorency au XVIIIe siècle, in Des villages dans l’histoire, vallée de Montmorency (1750 à 1914), éd. Pr. Univ. Septentrion , Lille, 1996, p. 30.

Aubert (J.), Montmagny, in La grande histoire du Val d’Oise, Edijac, 1987, p. 263-264.

Aubert (J.), Montmagny, in Les grandes heures de Montmorency et ses environs. Horvath, 1983.

Baduel (D.), Briqueteries et tuileries disparues du Val d’Oise, Saint-Martin-du-Tertre, S. I., 2002, 302 p.

Buffévent (B. de), L’Économie dentellière en région parisienne au XVIIe siècle, SHAP VOV, Pontoise, 1984, Les paroisses dentellières, p. 58-59.

Cancelier (A.), Paulard (D.), Sannois hier et aujourd’hui, Valhermeil, 1993, 184 p.

Canet (M.-M.), Lhomel (I.), L’or blanc : du gypse au plâtre, Cergy-Pontoise, CGVO, ARPE, 2000, 14 p.

Canet (M.-M.), Quatre générations de plâtriers dans le N.O. parisien. Ruptures et continuités à la plâtrière Vieujot, in Barthe (G.) et GRPA, Le plâtre, l’art et la matière, Paris, CREAPHIS, p. 47-57.

Chairon (F.), Bourlet (M.), Montmagny, in Le Patrimoine des communes du Val d’Oise,

Ile de France, Flohic, 1999, t.1, p. 259.

Chauche-Floury (D.), Montmagny, in Wabont (M.), Abert (F.), Vermeersch (D.), (sous la dir.), Carte Archéologique de la Gaule, Val-d’Oise, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 2006, p. 349-350.

Collectif, Géologie, patrimoine géologique du Val d’Oise, Cergy-Pontoise, CGVO, IGAL, 2007, 36 p.

Depoin (J.), Recueil des chartes et documents de Saint-Martin-des-Champs, in Archives de la France Monastique, Paris, Ligugé, 1912, t. 1, charte 6, p. 14-18.

Ducoeur (D. et G.), Saint-Prix, in Le Patrimoine des communes du Val d’Oise, Ile de France,

Flohic, 1999, t.2, p. 774.

Ducoeur (D. et G.), et al. Histoire géologique du Parisis, in Ermont au fil du temps, Valhermeil, 1994.

Ducoeur (G.), La forêt de la préhistoire à l’antiquité, in Guide de la forêt de Montmorency, AFOMI, 1975, p. 7-18.

Dupâquier (J.), (sous la dir.), Paroisses et Communes de France, Dictionnaire d’histoire administrative et démographique, Région Parisienne, éd. CNRS, Paris, 1974, p. 564.

Fallue (L.), Notes sur quelques fortifications antiques de la vallée de Montmorency, in Revue Archéologique, 6, Paris, 1862, p. 380-383.

Gassowski (J.-P.), L’armorial des communes du Val d’Oise, éd. Gaso, Mériel, 1996, s. p.

Guadagnin (R.), Géologie et richesses naturelles, in Fosses-Vallée de l’Ysieux, mille ans de production céramique en Ile de France, vol. 1, Les données archéologiques et historiques, CRAM, Caen, 2000, p. 42-46.

Guérard (B.), Cartulaire de Notre-Dame de Paris, éd. B. Guérard, Documents inédits sur l’Histoire de France, Paris, 1850, 4 vol., in-4°.

Guilhermy (F. de), Inscriptions et épitaphes de la France du Ve au XVIIIe siècle. Ancien diocèse de Paris, Paris, t. 2, 1875, in 4°, p. 238-247.

Lachiver (M.), Vin, vigne et vignerons en région parisienne du XVIIe au XIXe siècle, SHAPVOV, 1982, p. 831 et 835.

Lasteyrie (R. de), Cartulaire général de Paris (528-1180), éd. R. de Lasteyrie, Histoire générale de Paris, Paris, 1887, in-4°.

Lours (M.), Montmagny, in Églises du Val-d’Oise, Pays de France, Vallée de Montmorency, Dix siècles d’art sacré aux portes de Paris, SHAG PDF, 2008, p. 194-198.

Marchegay (P.), Chartes de Saint-Florent de Saumur concernant l’Ile-de-France de 1070 à 1220, Paris, 1879, in-8°, p. 18.

Mulon (M.), Noms de lieux d’Ile-de-France. Introduction à la toponymie, Ed. Bonneton, 1997, p. 15.

Poisson (G.), Montmagny, in Dictionnaire des monuments d’Ile-de-France, Hervas, Paris, 2001, p. 548-549.

Poisson (G.), Montmagny, in Évocation du grand Paris. La banlieue nord-ouest de Paris, t. II, 1960, p. 495-497.

Pommerol (Ch.), Feugueur (L.), Bassin de Paris : Ile-de-France, in Guides géologiques régionaux, Paris, Masson, 1968, 174 p. et 16 pl. de fossiles.

Poutiers (J.-C.), Rhodes et ses chevaliers, 1306-1523. Approche historique et archéologique, Imp. Catholique sal Araya, Liban, ESTC, distributeurs à Bruxelles, 1989, 330 p.

Roblin (M.), Le terroir de Paris aux époques gallo-romaine et franque, Picard, Paris, 1971, p. 246-247.

Soulier (P.), Halbout (H.), Lebret (P.), et al. 120 000 ans de paysages en Val d’Oise, SDAVO, CGVO, 1991, 64 p.

Soyer (R.), Carte géologique au 1/50 000e, feuille de l’Isle-Adam, XXIII-13, BRGM, 2e Ed., 1967.

Wabont (M.), Abert (F.), Vermeersch (D.), (sous la dir.), Carte Archéologique de la Gaule, Val-d’Oise, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 2006, p. 349-350.



Publié sur le site de Valmorency (Association pour la promotion de l’histoire et du patrimoine de la Vallée de Montmorency) : www.valmorency.fr

Tous droits d’auteur réservés. Reproduction soumise à autorisation avec citation de la source (contact : collet.hy@orange.fr)



1Port-Royal (Yvelines) : abbaye de cisterciennes fondée en 1215 par Mahaut de Garlande, femme de Mathieu II, seigneur de Montmorency, à la place d’un ancien monastère déjà établi au début du XIIe siècle. Angélique Arnaud y est abbesse commendataire en 1602 (à l’âge de 10 ans). Les 80 religieuses s’établissent ensuite à Paris (1625-1626), ce qui donne Port-Royal de Paris. Puis, sous l’influence d’Antoine Arnaud, adepte des idées jansénistes et successeur de Saint-Cyran († 1643), les Jansénistes viennent grossir les effectifs des Solitaires ou Messieurs de Port-Royal. En 1648, l’abbaye parisienne revient s’établir en grande partie aux Champs.

2Cf. notre article : « Histoire générale d’Andilly ».

3Gachelin (M.), op. cit., p. 71-73.

4Gachelin (M.), op. cit., p. 69-71.

5Voir supra le chapitre « La vie des habitants à Montmagny ».

6Lachiver (M.), Vin, vigne et vignerons en région parisienne du XVIIe au XIXe siècle, SHAP VOV, 1982, p. 858.

Arzalier (F.), Les communautés villageoises de la vallée de Montmorency au XVIIIe siècle, in Des villages dans l’histoire, vallée de Montmorency (1750 à 1914), éd. Pr.Univ. Septentrion , Lille, 1996, p. 30.

7Buffévent (B. de), L’Économie dentellière en région parisienne au XVIIe siècle, SHAPVOV, Pontoise, 1984, Les paroisses dentellières, p. 58-59.

8Voir supra le chapitre « La natalité et les nourrissons à Montmagny ».

9Cf. notre article : « Les nourrices rurales d’enfants des « bourgeois » de Paris et de la région parisienne - Du berceau à la tombe ».

10Arzalier (F.), Du berceau à la tombe, in op. cit., p. 55-62.

11Cf. notre article : « Géologie de la vallée de Montmorency dans le Parisis-Géomorphologie, utilisation des roches par l’homme ».

12Legallais (F.), Montmagny au fil des rues. Annuaire thématique et patrimonial des rues de Montmagny, éd. Valhermeil, Montmagny, 2007, p. 31.

13Cf. notre article : « Histoire générale de Montmorency ».

14Canet (M.-M.), Quatre générations de plâtriers dans le N.O. parisien. Ruptures et continuités à la plâtrière Vieujot, in Barthe (G.) et GRPA, Le plâtre, l’art et la matière, Paris, CREAPHIS, p. 47.

15Grosse (G.), Monographie de l’instituteur 1900, Montmagny, 1899, 69 p., 33 photographies.

16À Montmagny, la carrière et la plâtrière (qui comprenait au moins 7 fours) sont encore en activité en 1910.

17Cf. nos articles : « Les carrières à plâtre, briquetiers et tuiliers en vallée de Montmorency » et « Histoire générale de Soisy-sous-Montmorency ».

18Cochelin (R.), Lecuir (M.-F.), Montmagny en 1900, éd. Valhermeil, 1997, 64 p. et Grosse (G.), op. cit.,.

19Lebeuf (abbé J.), op. cit., p. 587.

20Dupâquier (J.), (sous la dir.), Paroisses et Communes de France, Dictionnaire d’histoire administrative et démographique, Région Parisienne, éd. CNRS, Paris, 1974, p. 564.

21Le tabellion est souvent un paysan rédigeant des actes entre particuliers. Il sera remplacé par le notaire.

22Gachelin (M.), op. cit., p. 81-82.

23Cf. notre article : « Les pépiniéristes en vallée de Montmorency ».

24Cf. notre article : « Vignes et vignerons en vallée de Montmorency ».

25Aubert (J.), Montmagny, in La grande histoire du Val d’Oise, Edijac, 1987, p. 263-264.

26Aubert (J.), Montmagny, in Les grandes heures de Montmorency, op.cit., p. 108.

27Gassowski (J.-P.), L’armorial des communes du Val d’Oise, éd. Gaso, Mériel, 1996, s. p.

28Legallais (F.), op. cit., p. 10.

29Lours (M.), Montmagny, Saint-Thomas Becket. in Églises du Val-d’Oise, Pays de France, Vallée de Montmorency, Dix siècles d’art sacré aux portes de Paris, SHAG PDF, 2008, p. 194-195.

30Lefeuve (C.), Histoire de la vallée de Montmorency, 1856 et 1866, ré-éd. CHAEVM, n°2, 1975, p. 75-76.

31Cf. notre article : « L’église Saint-Germain et le pèlerinage à saint Prix ».

32Ducoeur (D. et G.), Saint-Prix, in Le Patrimoine des communes du Val d’Oise, Ile de France,

Flohic, 1999, t.2, p. 774.

33Chairon (F.), Bourlet (M.), Montmagny, in Le Patrimoine des communes du Val d’Oise,

Ile de France, Flohic, 1999, t.1, p. 259.

34Cf. notre article : « Valentine Reyre (1889-1943), la passion du sacré à Ermont, Montmagny, Sannois ».

35Lours (M.), Montmagny, Chapelle Sainte-Thérèse, in op. cit., p. 196-197.

36Lours (M.), Montmagny, Ancien séminaire, in op. cit., p. 198.

37Chairon (F.), Bourlet (M.), Montmagny, in op. cit., p. 260.

38La bave renvoie à la soie, qui est une substance visqueuse, élaborée par les araignées et par certains insectes, plus particulièrement les lépidoptères, dont le ver à soie (Bombix mori), grâce à des glandes séricigènes.

39Gachelin (M.), op. cit., p. 43-49. Cf. également Legallais (F.), Charles Huault de Montmagny, op. cit., p. 4-23. L’auteur (qui a organisé à Montmagny, en 2008, une exposition sur Charles Huault) renouvelle les données grâce aux recherches et à une publication récente de Jean-Claude Dubé, historien québécois et professeur à l’Université d’Ottawa (Canada).

40La lieue de terre ou lieue commune, est une lieue de 25 au degré, c’est-à-dire de 4,445 km.

41Voir supra, note 20.

42Legallais (F.), Charles Huault de Montmagny, op. cit., p. 15.

43Legallais (F.), Montmagny au fil des rues, op. cit., p. 56.

44Cancelier (A.), Paulard (D.), Sannois hier et aujourd’hui, éd. Valhermeil, 1993, p. 59-60.

45Chairon (F.), Bourlet (M.), op. cit., p. 261.

46Legallais (F.), Montmagny au fil des rues, op. cit., p. 73-74.

47Idem, p. 53.

48Cabinet des Titres du Musée Condé à Chantilly, seigneurie de Montmagny, cote 1 BA 032.